Extrait du journal
f » Octobre. — Adieu, paniers, vendanges sont fai tes ! J'arrive à Paris tout exprès pour faire des cancans avec mon compère Pierre, et je trouve une lettre écrite à son fidèle Damon par ce faux Pythias, et dans laquelle il m'annonce qu'il ne me donnera la réplique que dans les premiers jours de novembre. Moi qui, réduit au si lence depuis si longtemps, avais si grande envie de ba varder ! Ma foi, tant pis ! je ne me tairai pas huit jours de plus, et si Pierre s'obstine à rester muet, ce n'est pas une raison peur que je meure d'une causerie ren trée. Donc, je vais m'en donner à cœur joie, et tout seul. Tant pis pour vous, ô lecteurs, du Figaro, à qui j'aurais tant de plaisir à chanter la romance connue : Bonheur de se revoir Après cinq mois d'absence ! Mais rassurez-vous ; il est bien convenu que, dès le commencement du mois prochain, Pierre viendra me prêter plume forte — Je vous disais tout à l'heure que les vendanges étaient finies, et quelles vendanges ! Franchement, ce n'est pas à rendre jaloux les dieux, ces buveurs de nec tar. Cependant, j'ai trouvé un moyen excellent, ingé nieux, infaillible, de faire boire le vin de l'année, et ce moyen est déjà employé généralement dans le Blésois. Le voici, dans toute son admirable simplicité : Quatre hommes solides, taillés en hercules et d'un cœur inaccessible à la pitié, s'emparent de votre invité et rattachent fortement à son siège. Tandis qu'ils lui tiennent les membres, un cinquième tortionnaire lui verse dans le gosier un coquemart de purée de rubis, comme l'appelle Mathieu. Quand le patient a subi cette question au vin, on lui rend la liberté. Il faut le voir alors gambader, courir, cabrioler, faire des tortions, imiter la chèvre, tenter les sauts les plus périlleux, exécuter des bonds extravagants, tourner comme une toupie, virer comme,un tonton, se livrer à une foule de grimaces, contorsions et pas fantastiques. 11 accomplit alors, d'instinct et comme poussé par une force invisible et impérieuse, des merveilles de choré graphie fantaisiste. 11 rendrait dus points à Espinosa. Peut-être trouvera-t-on ce moyen un peu violent. Que voulez-vous? Il n'y avait pas à choisir, et quand le vin est tiré, il faut le l'aire boire. — Je ne suis de retour que depuis peu de jours, et...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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