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Le Figaro, 30 août 1866

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Le Figaro
30 août 1866


Extrait du journal

tout neigeux. Ne tirant vent quelconque qui les décharge et donne de l'aise aux branches, on penserait non des châtaigniers mais des rochers de notre Larzac. Ah! monsieur, combien change hiver la figure des choses! Ayantla prime soufflé son haleine chaude, faites un tour encore à Mirande, et cette masse immobile qui ne vous dit rien, vous parlera par toutes ses feuilles et tous les oiseaux sautelant aux profondeurs de ses ombres. Cette châtaigneraie, qui était le meilleur morceau' du bien des Fontenille, le pain bénit de leur fournée, m'appartient aujourd'hui. Tant plus j'ai été malheureux, tant plus suis devenu riche. Mais point n'est .le moment de reparler de Félice; assez tôt je reviendrai, pour vous achever cette histoire, à ce- triste sujet de ma vie. Adonc il reste convenu que, derrière mes châtaigniers, babillent les maisons de Madières; car prenez toujours cela dans votre sac, gens de Madières et babillards c'est tout un en pays cévenol... Présentement il s'agirait de Mirande. Mais vous et moi connaissant le nid, lequel en vaut bien un autre, passons... A propos, j'oublie le ruis seau et la mare profonde des Fontinettes, un peu au-dessus de la mé tairie, là où surplombent ces granits noirs. —Aïe! aïe! poussons plus loin : mon cœur crèverait à séjourner aux Fontinettes. Monsieur, c'est là... Gardons, s'il vous plaît, les Fontinettes pour la fin... Quittons Mirande, enfilons le sentier où vous remarquez des pas creu sés en la neige, — c'est mon chevrier, lequel, aimant une fille par làbas et ne larguant ses bêtes aiix mauvais temps, est allé galantiser à son loisir, — suivons-le, suivons-le toujours au long de la pente, tour nons ce bloc détaché de la roche mère de notre Larzac. Hardi ! nous y sommes, c'est Nadalet... Eh, vrai Dieu 1 on dirait un plumet de fumée noire sur le toit de Malgrison. Le méchant homme, comme il se chauffe 1 tandis que le pauvre monde dépouillé par lui s'enterre, nuit et jour, en les étables, à l'haleine des bétes, pour ne point mourir de froid. Va, misérable usurier,...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
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