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Le Figaro, 30 décembre 1858

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Le Figaro
30 décembre 1858


Extrait du journal

dans cette Babylone, elle ne m'aurait certes pas laissé partir. Mais mes instincts artistiques ont été les plus forts. J'ai voulu revoir Paris, non pour moi qui n'en ai jamais été épris bien follement, mais pour rapporter à ma femme, qui est un esprit romanesque, des nouvelles de cette année. — Mais, cocher, on ne va pas d'un train pareil, vous fendez l'air, vous dévorez l'espace 1 le cocher, stupéfait. — Par exemple 1 le jeune homme padvre. — D'abord, j'avais craint que ce voyage ne me coûtât beaucoup d'argent, car per sonne ne m'ôtera de la lôte que je suis pauvre, très pau vre, quoi qu'en aient dit certains feuilletonnistes. Ensuite les dépenses que j'aurai à faire tôt ou tard pour la cons truction de la cathédrale de mademoiselle de Porhoët ne laissant pas que de mie cotQîïïajider féçSaotiue. Heureuse ment, je me suis avisé d'un stratagème qui... le cocher. — Gare! gare! le jeune homme pauvre. — Qu'est-ce que c'est ? les chevaux qui prennent le mors aux dents? quand je vous le disais! le cocher. — Ah bien! oui, il n'y a pas de danger... c'est un piéton qui vient se planter au beau milieu du chemin, comme si les Champs-Elysées n'étaient pas assez larges. — Gare donc, espèce d'enflé! le jeune homme pauvre. — Il est peut-être sourd. Arrêtez, au nom du genre humain! le cocher. — Allons, bon ! voilà qu'il se jette de luimême contre le timon. le jeune homme pauvre. — 0 ciel ! descendons ; il est peut-être dangereusement blessé. [Il met pied à terre.) le cocher. — Il ne l'aura pas volé, en tous cas. [Tous les deux s'empressent autour d'un inconnu renverse sur la route.) le jeune homme pauvre. — Monsieur!... Il est éva noui... Asseyons-le dans la voiture, pour éviter les ras semblements... 11 est fort bien couvert, ma foi, et l'intel ligence siège sur son visage. (On asseoit l'inconnu dans le fiacre.) l'inconnu. — Aïe ! aïe ! le jeune homme pabvre.—Souffrez-vous beaucoup, monsieur ? l'inconnu. — Au contraire. [Il referme les yeux.) le jeune homme pauvre. — Cherchons sa blessure... Ce n'est rien... J'ai toujours sur moi de la charpie et des bandelettes... Improvisons un appareil... Là, voilà qui est fait... 11 revient à lui. — Maintenant, cocher, au pas, au pas. le cocher, grommelant. —Des manières 1 le jeune homme pauvre, à l'inconnu. — Eh bien ! monsieur, vous sentez-vous un peu mieux? l'inconnu. — Où suis-je?... le jeune homme pauvre. — Dans un char numé roté. l'inconnu, se jetant sur une de ses mains.—Ah! merci, monsieur, merci ! le jeune homme pauvue.—Prenez garde ; pas de mou vements trop brusques. l'inconnu. — Tant de bonheur... à moi !... Oui, voilà bien le fiacre de Dalila. le jeune homme pauvre. — Est-ce que vous me con naîtriez, par hasard, monsieur?...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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