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Le Figaro, 30 novembre 1930

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Le Figaro
30 novembre 1930


Extrait du journal

Aujourd'hui, dans toute la France, on quêtera pour les marins bretons. Beaucoup de mal a été fait, beaucoup de bien reste à faire. Nous avons confiance que bonne part en sera faite. Les dispositions généreuses ne manquent pas. Ce qui manque bien plutôt, c'est l'art de les provoquer, susciter et presque le .goût de les connaître. Rien .de plus singulier que l'impudeur avec laquelle nous disons tout le mal, et la pudeur avec laquelle nous laissons dans l'ombre ce qui est délicat et bon.; . Il existe une Ligue de Bonté qui groupe des milliers d'enfants et qui attire leur attention sur la misère des petits Bretons dont les pères étaient morts en mer. Les réponses sont aussitôt venues : pour deux cents orphe lins, cent cinquante demandes de parrainage. Nous avons pu feuilleter ces réponses ; rien n'est plus charmant. «Je suis trop pauvre pour pouvoir adopter un filleul, écrit un garçon qui envoie vingt francs, mais veuillez au moins envoyer cette petite somme à un des plus malheureux. » — « Je viens me faire inscrire, j'ai dix ans et demi, écrit une petite-fille, De préférence, je voudrais une petite fille, beaucoup plus jeune que moi. Je lui enverrai tout de suite i$n petit colis. Je m'intéresserai à elle et je prierai beaucoup pour elle et sa famille. » Et pour finir, ces deux enfants, le frère et la sœur, les petits Labrux. (Pourquoi ne pas dire leurs noms ? Ils sont trop gentils pour devenir orgueilleux. D'ailleurs, ce serait bien bête. Ils sont gentils, voilà tout. Mais c'est déjà très joli.) « Chez nous, dans notre famille, écrit la fille, nous ne sommes pas riches, notre frère est un brave ouvrier qui travaille pour nous élever tous les trois, et en plus cela nous avons encore deux petits cousins qui ont perdu leur maman. C'est notre maman qui s'occupe de nous, mais malgré cela nous sommes très heureux et je serais une égoïste de ne pas penser à ces pauvres petits qui n'ont plus de papa. Si vous me croyez digne de me donner un filleul ou une filleule,- je vous en serai bien reconnaissante. J'ai, 13 ans, j'habite Vittel, chez mes parents, 19, rue de Valleroy. » Et le frère : « Nous sommes des enfants d'ouvriers, nous ne sommes pas riches, mais nous sommes honnêtes et courageux. Vous pouvez demander des renseignements à Vittel, tout le monde nous connaît. Demandez à M. le curé. Dites-moi ce que vous attendez de moi, et avec l'aide de mes parents je ferai tout mon possible pour me montrer digne du beau rôle de parrain. » Et le frère et la sœur ajoutent en post-scriptum : :« Ci-joint ma photographie. » Ils ont bien raison ; nous serions curieux de voir les figures de ces deux enfants-là. Nous y prendrions plus de plaisir qu'à ces têtes d'assassin qu'on nous montre toujours. — G. DavenaY....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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