Extrait du journal

LES CATHOLIQUES DEVANT, LES PROBLEMES DE L'HEURE PROPAGANDE COMMUNISTE PAR * * * tES récents communiqués relatifs à l'activité commu niste câïïsentdans l'opinion une certaine surprisë. On croyait que la dissolution avait tout réglé et on s'étonne d'apprendre que la propagande se manifeste un peu partout. En réalité, cette recrudescence était atténdue, et les maîtres du mouvement l'avaient annon cée bien avant qu'on parlât de dissolution. Le but de la troisième Internationale, défini dès l'origine, n'a jamais changé : c'est la révolution univer selle. L'Europe sanglante et ruinée de 1919 paraissait lui offrir un champ favorable. Cependant, elle a échoué partout : Europe centrale, Pays Baltes, Autriche, Alle magne. Si affaibli qu'il fût, le vieil organisme occiden tal réagissait encore trop vigoureusement — comme on l'a vu, depuis, en Espagne. Staline n'avait pas attendu cette confirmation pour tirer la conclusion des premiers échecs. Puisqu'un ébran lement plus profond de l'Europe s'avérait nécessaire, il fallait provoquer un conflit général où, démocraties con tre dictatures, les pays « capitalistes » s'épuiseraient réciproquement. Soigneusement tenu à l'écart de la lutte, le bolchèvisme interviendrait à son heure et, cette fois, de façon décisive. Tel est le plan arrêté de longue date, et qui se dé roule aujourd'hui en pleine lumière. Le début de l'exécution, en France, remonte à 1934. Il est marqué par la volte-face si déconcertante pour ceux qui s'obstinent à juger le bolcheivisme d'après les normes traditionnelles. Au contre-pied de sa politique anté rieure, "le parti communiste ressoude les tronçons de là, C. G. T. qu'il a disloquée douze ans plus tôt ; il réclame l'unité syndicale et l'union des Français ; il s'affirme hautement patriote et même militariste ; il tend la main aux Croix de Feu et aux catholiques. En un mot, il se camoufle pour séduire ceux qu'il n'a pu convaincre. Toute cette activité se déploie d'ailleurs au grand jour et sous des apparences légales, grâce à des organisations — les initiés disent : un « appareil » — très visibles : groupements politiques et syndicaux, journaux, meetings à grand orchestre, publicité coûteuse... Les partis de gauche se laissent duper : en 1935, ils adhèrent au Front Populaire qui aboutit, en mai 1936, au triomphe électoral de Maurice Thorez et de ses amis. Instruit par l'expérience, Staline résiste à la tenta tion de profiter du succès et d'installer, d'emblée, des Soviets en France : il poursuit le grand dessein, la guerre, et cherche à l'allumer, en Espagne d'abord ; puis quand l'Espagne lui échappe, sur le Rhin. C'est l'histoire d'hier. Après des péripéties qui sont présentes à tous les esprits, et dont la dernière est la trahison d'août 1939, l'objectif est atteint, la guerre éclate. Dès lors, l'instrument qui a servi à la préparer devient inutile ; peu importent au Kremlin la dispari tion des journaux, la dissolution du parti, l'arrestation de# députés : on laisse tomber l'appareil extérieur comme, à la fin de 1937, on a laissé tomber les rouges d'Espagne : désormais, c'est la guerre, avec son cortège de deuils et de souffrances, qui prépare les peuples pour la révolu tion. Il reste à exploiter les événements et à tenir en haleine les cadres : c'est l'affaire d'un « appareil » tout différent de celui qui vient d'être démoli : celui d'hier était visible, celui d'aujourd'hui est secret. A vrai dire, cet appareil existe depuis la fondation du parti communiste ; il lui est même antérieur et n'a jamais cessé de fonctionner. La politique belliciste n'a eu d'autre but que de lui fournir un milieu plus perméable à la propagande — comme on laboure le sol avant de l'ensemencer. (Suite page 2, colonnes S et 6.)...