Extrait du journal

Un homme de Dieu, un moine vénérable qui consume sa vie à étudier les structures et les âges de la terre avec le même amour dont il trembla jadis, penché sur le sindon où se perpétuent en sang et en sueur les lignes du divin Corps, est accouru dans les pays des Marses pour observer de près la figure du désastre. Il erre tout seul, de ruine en ruine, avec les instruments exacts de sa science et les larmes contenues de sa douleur, mesurant les crevasses et les rides, les éboulis et les gouffres, les poussières et les boues ; tandis que le vent du val lui apporte la lamentation toujours plus faible des morts vivants et que les affamés l'appellent dans les décombres pour lui demander, au nom du Ghrist, le miracle des pains. Il sait que seule la terre mange, quand nous mourons. Il sait qu'elle poursuit, à travers les fractures horribles de son écorce, la perfection de sa forme tendue vers un sommet comme l'éternité de la pyramide. Il sait que les plus grandes choses s'accomplissent par la grande mort. Il sent un esprit de renouveau souffler sur l'odeur des cadavres, un printemps fatal tiédir ks neiges récentes. Il ne peut pas multiplier les pains rompus; mais, laissant tomber de ses mains caduques les instruments de la connaissance, de toute sa piété il respire le miracle....