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Le Figaro, 31 juillet 1878

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Le Figaro
31 juillet 1878


Extrait du journal

. Est-ce sensiblerie ? Non, cette question est d'ordre supérieur. Elle s'attaque aux fibres les plus délicates de notre être. La pitié pour les animaux est un senti ment tout moderne. Ici la religion n'ap paraît pas —quoique d'ordinaire, les clar tés sociales soient des reflets du christia nisme. Mais la loi Grammont est sortie tout entière de notre dix-neuviême siècle. Où va donc ia société 'protectrice des ani maux si elle ne visite pas la Fourrière ? Le chien devrait être son principal client. Parfois on se dit en. le regardant dans son œil si vivant : « ne serait-ce pas .quelqu'un ? » Dans l'échelle des etres, il vient immédiatement après l'homme. Le chat .est un égoïste —le chien est un dévoué. C'est un bienveil lant. Il aimé toujours celui ou celle qu'une fois il a aimé. Oh ne se repent jamais de l'avoir aimé! C'est un nerveux — la musique l'émeut à l'en faire hurler Il connaît le devoir — avez-vous vu un chien d'aveugle? — ce volontaire es clave? Enfin, le chien est le seul animal qui, toujours, regarde l'homme à l'œil. Le souvenir du chien est lié à celui de notre enfance — de notre jeunesse — peut-être de nos amours. L'homme aime encore mieux -le chien que la femme n'aime le chien.—La lectrice sera moins émue que le lecteur par le portrait de cette louréière. Son "âme est parfois moins sensible que l'âme de l'homme qui cache ses émotions, comme une reli gieuse cache ses cheveux! La femme a la fibre plus forte qu'on ne le croit,' parce qu'elle est destinee à aimer un être brutal comme l'homme — et l'homme a la fibre plus faible qu'on ne le pense, parce qu'il est destiné à àimér un être doux comme la femme ! *** Certes, je ne veux pas rendre Paris doux comme mon village — plus facile serait de sucrer la Méditerranée comme une tasse de café,! — Je ne veux pas même défendre la vie de ces chiens con damnés par l'Anankè — des hommes sont parfois condamnés comme eux! — mais je demande que leur mort soit digne d'eux, de nous, de Paris, de la société française, de l'humanité. C'est...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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