Extrait du journal

— Cinquante louis ! n’est-ce pas que c’est dégoûtant ? Moi, j’aimerais mieux me f...aire modiste ou gardienne de VV.-C. que d’avoir un miché qui me donnerait cinquante louis pour mes étrennes! - Une rupture dont les étrennes sont indirec tement la cause M. de S... avait l’intention d’offrir un bra celet-gourmette enrichi de brillants, de saphirs et de turquoises, à Valentine Ter... dont il est le protecteur attitré... Un jour, en passant rue de la Paix, devant la vitrine du bijoutier où ce bracelet était exposé, Valentine avait dit : « Oh ! le joli bracelet ! » et tout de suite M. de S... avait pensé : « Voilà mon affaire! » L’autre matin, il entrait donc chez le bijou tier et demandait le bracelet dont il fit une description minutieuse. On lui répondit qu’il avait été vendu, la veille, à M. de V... Et voilà que le même jour, en rendant visite à Valentine.. M. de S... aperçut à son bras le fameux bracelet... — Eli1 mon cher, fit Valentine, je ne vous soupçonnais pas capable de deviner mes désirs et de vouloir me faire une surprise... Il fallait me le dire ! On pendra la crémaillère et on tirera les rois, dimanche soir, chez Emilie Demay, en son hôtel, rue du Ranelagh. Emilie Demay nous est inconnue. Mais comme l’invitation qui nous est adressée est faite « de la part du Petit Mousseux » (sir) nous n’aurons garde de manquer à la petite fête. Nous sommes persuadés d’avance qu’on s’amusera ferme, et nous sommes convaincus que Mlle Emilie Demay ne peut être qu’une délicieuse jeune personne vouée aux plus hau tes destinées. * * * Qui a été bien heureuse dimanche matin? C’est la petite Laure Lub..., une des beautés les plus appréciées de la rive gauche, à’iaquclle on s’accorde à prédire un brillant avenir, de l’autre côté des ponts. Le fait est que la petite Laure Lub... est une très jolie fille, très piquante, très amusante, et que des messieurs à l’air excessivement « calé » — entre autres un pro priétaire d’écurie de courses connu — ont déjà passé la Seine pour venir l’admirer à Huilier. Donc, le soir du premier janvier, la petite Lub... avait fait la conquête d’un gentleman du plus grand chic, et elle pensa bien inaugurer l’année en accordant, ce soir-là, l’hospitalité au si chic seigneur... Le lendemain matin, avant de la quitter, le chic seigneur tint à la petite Lub... le discours suivant — Tu es trop belle et trop mignonne... et je veux récompenser dignement ta gentillesse. Mon portefeuille est assez bien garni, tu le vois (et ce disant, il montrait une liasse do billets de banque), mais je n’ose et ne veux t’offrir un de ces chiffons de papier... Ma bague te ferait-elle plaisir? La bague du chic seigneur était une superbe « marquise » qui lui couvrait la moitié de l’annulaire... Il la détacha de son doigt et la mit au doigt de la petite Lub... qui faillit mourir de joie... -...