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Le Fin de siècle, 9 décembre 1897

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Le Fin de siècle
9 décembre 1897


Extrait du journal

Mais soumises et dociles, elles accep tent la polissonnerie, déjà vieillotte, déjà sénile, qui les jette sur le lit, les abat sur la chaise, sans leur donner l’émoi ni le ravissement. Puis l’écolier, déjà dressé à l’égoïsme, n’est cqu’une bête cynique, sitôt repu, sitôt ingrat. Et si parfois ces jeunes amours sèment la vie — oh ! l’affreux et le lamentable dénouement de l’expul sion de la pauvre fille par la mère irritée qui considère le don de la naïve au fils, comme un outrage à la mai son... l'accouchement douloureux au fond d'un hôpital, ou l’étouffement d’un être dans la nuit d’une mansarde ! C’est parfois l’équipée au fond de ces demeures où la loi réglemente l’amour, le transmue en une marchandise ignoble, qui se vend à l’heure et ne vaut pas l’argent. L’écolier apporte cependant, dans ces tristes maisons, la fraîcheur et la grâce de ses rêves radieux. Hélas, tout ce qui était en lui de beau, de bon, de tendre, est inéluctablement flétri par la hideur du geste, par l’ignominie de l’œuvre. Son initiation à la volupté sainte n’est qu’une banale et odieuse leçon qui lui donne le dégoût de la femme, le mépris douloureux de l’étreinte, trouble son esprit, lui inspire cette erreur que toute amante est une chair vile qui s’offre et qui se vend. Ou c’est l’ignominie plus laide, plus leurrante, du vice de quelque vieille dame, ogresse de chair fraîche, qui veut ravager sous sa caresse hystérique la sève d’une jeunesse, dans l’illusion de se rajeunir, infernale Gillette de Retz, qui boirait du sang d’enfant pour effa cer ses rides et reprendre ses roses. L’éveil des cœurs printaniers s’opère ainsi dans le noir cauchemar de ces males aventures. Et voilà les amants que les jeunes amantes espèrent dans leurs rêves, qu elles appellent sur leurs cœurs. Lorsqu’ils viendront plus tard vers la joie de leurs lèvres, quel amour pour ront-ils semer en leurs baisers? CLÉO....

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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