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Le Fin de siècle, 14 mai 1903

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Le Fin de siècle
14 mai 1903


Extrait du journal

Un de nos théâtres subventionnés jouait der nièrement une pièce qui souleva de viol-nies p lémiques auxquelles certaine affaire politi que ne fut pas étrangère. L’auteur de la pièce est un de nos sympathiques maîtres, auteur de plusieurs romans à gros tirage... et à succès. A la répétition générale, une vieille dame, très respectable et très âgée, donnait le signal des applaudissements. La même dame accaparait les billets d’auteur et félicitait, dans les loges, les interprètes de l’œuvre de son... de son ami. L’auteur remerciait les autres dans un cou loir voisin. Et l’on avait pu entendre la grosse dame qui reprochait doucement : — Voyons, voyons, mon ami, n’allez donc pas flirter avec Mlle F... ! Voilà ce qu’on sait. Mais ce qu’on ne sait pas, c’est la vie amusante et laborieuse menée par l’auteur. Son amie l'enferme tous les jours dans le cabinet de travail, le prive de sorties, de visites, de distractions, et lui donne, comme à un potache, sa tâche : — Tu écriras quatre pages aujourd’hui... Et l’autre, embêté et heureux, travaille. On s’étonne de son activité. Le voilà bien ex pliqué, ce petit mystère. Et ce système uous a valu quatre ou cinq livres qui ne sont pas loin d’ètve des chefsd’œuvre. 11 faudrait, quelque jour, écrire : De l'utilité des femmes dans la vie de nos plus notoires écrivains. * * * Grande fête, avant hier soir, à bord d’un yacht amarré dans un des bassins du Havre, et qui doit partir prochainement pour les ré gions... presque polaires. Comme invités, le gratin de la haute finance et nos « banquières » les plus connues. Le pont, la salle à manger, le salon et jusqu’aux cabines du yacht étaient merveilleusement décorés, et des fleurs étaient jetées partout, à profusion. — Ce n’est plus un yacht, c’est un bateau de fleurs! a dit le petit Ephraïm X..., qui a beau coup voyagé daus les mers de Chine. Après le dîner, où l'extra-dry a coulé à flots, on a dansé jusqu’à une heure avancée de la nuit. * • Le petit H... qui mange à Paris, avec des dégrafées très aimables, l’héritage paternel, vient d’avoir une réjouissante idée. Il a olîert un dîner splendide à quelques belles amies et à quelques bons fêtards. Tous etjtoules ont pu emporter le menu suivant : Consommé d’amour conjugal Petits pâtés à la célibataire Fidélité et constance en hâchis Promesses, attentions et cadeaux sautés dans le jus Entrée : Fricassée de dévouement Rôti : Cocottes rôties, arrosées de Johannisberg Légumes Asperges au sentiment Petits pois en cascade Entremets : Soufflé de billets de banque Compote de fruits défendus Et qu’on ne vienne pas dire maintenant que l'esprit parisien a été emporté dans la tombe par les derniers boulevardiers, ou que la vieille gaieté française est mortel •% Le block-notes de Falstaff. Un Mystère parisien éclairci. — Est il vrai, comme l'annoncèrent plusieurs journaux, au lendemainde ^représentation degala donnée dla Comédie-Française en l’honneur d’Édouard Vil, — est-il vrai que Caroline Otéro ait été priée, quelques minutes avant le lever du rideau, de quitter le fauteuil d'orchestre qu'elle honorait de son séant, et fa salle qu’elle honorait de ses diamants f Il est bien lard, direz-vous, pour parler encore de ces choses que la belle Otéro ellc-mème a oubliées depuis plus de huit jours, bien tard ? J’aurais voulu vous voir à l'œuvre, vous, mes bons cocus de lecteurs, si vous vous étiez juré, comme moi, de connaître le fin mot de l’affaire! Vous n’avez pas idée du mal que j’ai eu à recueillir, classer, coordonner les documents et témoignages nécessaires d l'établissement de l’historique vérité I Mais ne me demandez pas, de grâce, par quels moyens j’ai pu mener à bien cette terrible enquêtel J’ai interviewé plus de vingt femmes charmantes, — vingt femmes auxquelles j’ai dû dire des bêtises avant d'arriver à leur poser des questions sérieuses. Cette enquête m’a éreinté, positivement ! Contentez-vous donc d’ouvrir vos yeux et vos oreilles, et savourez cette page que ne manquera pas d'enregistrer l’impartiale Histoire : Pourquoi Otéro se trouvait-elle au gala du Théâtre-Français f Parce qu’on l’y avait amenée, tout simplement....

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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