Extrait du journal
— Mais ne craignez-vous pas que les jeunes femmes futures ne deviennent d in comparables catins ? — Elles ne le seront ni plus ni moins. Il y a des records qui sont imbattables. Depuis vingt ans que je fréquente le monde, je n’ai pas connu dix femmes qui n’aient pas trompé leurs maris. Et moi, j’étais de ces dix-là. Il ne saurait y en avoir davan tage. Et puis, quand cela serait ? Où serait le mal? Est-ce qu'un mari n’est pas fait pour ça? Je ne pouvais pas ne pas être de son avis, et je la complimentai sincèrement. Enfin, je me suis interviewé moi-même : — Nous avions des nerveuses, me suis-je répondu, nous aurons davantage de détra quées, de névrosées et de malades. Nous aurons surtout davantage de femmes laides, méchantes et cruelles. Car sont laides, méchantes et crue les toutes les femmes qui souffrent. Et encore, beaucoup d’entre elles mourront à la peine... Elles auront à subir des accidents de toutes sortes, elles auront des soins et des précautions terribles à prendre. Tantôt bien, tantôt mal, gaies ou tristes, elles finiront par regretter amè rement leur folie d’un jour, et elles envie ront les jeunes mères qui auront des petits dans leurs bras. Plus tard, qui sait? on finira par les mépriser. Vieux, leurs maris les haïront; vieilles, elles auront horreur d’elles-mêmes. Etelles comprendront alors, trop tard, qu’une femme a le devoir de faire ce que sa mère a fait. La lutte contre l’enfant est une lâcheté infâme, m’écriai-je ; il faut réagir, il faut lutter, il faut les empêcher de se faire autant de mal. 11 le faut, parce que nous les aimons, et puisque nous les aimons, il faut les sauver. Et, pourtant, j’ai horreur des enfants qui pleurent. Mais je suis aussi comme ce bien vieux et si bon bonhomme qui me disait un jour : — J’admets qu’un gosse qui braille soit assommant au point qu’on lui donne la fessée; mais c’est bien joli et bien mignon un gosse qui rit et qui, les deux bras au cou de sa mère, fait des grâces câlines pour qu’on lui donne la chatterie d’un beau sein blanc gonflé de lait. Et puis, il vaut mieux, croyez-moi, chères amies, devenir un peu moins belles pour avoir eu le bonheur de faire un gentil bébé, que de devenir lentement laides et de n’a voir rien fait du tout. LA MOUSSIÈRE....
À propos
Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.
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