Extrait du journal
i moment où la joie fait retentir la r ->e caisse et les cymbales aux portes temples à plaisir, quand les uns se 'n' r-otit d’amour et de luxures, il y en a itres qui gémissent d’un mal qui ne it pas : le mal de l’abandon. Voici le plus intéressant d’une lettre m’envoie, de son coin de province, -* pauvre petite désolée. ... oui, madame, il est parti sans me lire adieu même. Il est parti comme un voleur qui a peur de son larcin. Depuis notre première nuit d’amour où, vierge, vaincue par ses prières, je lui donnai ma naïveté et... ce qu’il voulut prendre, « je me suis toujours ettorcée d’être « amante douce et bonne, .le l’aimais ; il « m’a aimée, j’en suis sûre. Pourquoi me « délaisse-t-il ? Suis-je moins belle ? Au « contraire, je crois que l’amour m’a tait « les yeux plus noirs, ses baisers ont « donné à ma bouche plus d’éclat, mon « corps s’est façonné, s’est développé de« puis que je suis devenue femme... « Ah ! je suis bien malheureuse ! J’ai « le désir de mourir. Gomment voulez« vous que je vive? Si vous saviez com« bien je souffre ! J<> suis venue à vous, « parce que vous êtes un médecin des « cœurs, parce que je veux espérer que « vous saurez ou me guérir, ou me ren dre l’amant que je ne puis maudire malgré sa lâcheté. Je vous en supplie, madame, sauvez-moi, j’ai tant pleuré depuis quelques jours !... » Je ne connaîtrais qu’un remède : le re tour de l’amant. Mais puisqu’il aime une autre femme, puisqu’il l’aime assez pour avoir délaissé 1 ancienne maîtresse, il ne reviendra pas, au moins tant qu’il y aura, dans le nouv.'aii nid, des baisers au clair de la lune de miel... Alors, que faire ? Se donner à un autre mâle ? c’est une prostitution volontaire qui n’apporte que du dégoût. Car qu’estce que l’amour chez la femme ? C’est l’im possibilité de cueillir, dans le baiser d’un autre homme, la troublante et forte sen sation que donne la bouche de l’amant. Si r,;mant n’est plus, la joie s’en est allée. < )ublier ? C’est la perspective de pleurer bien longtemps, et il y a des femmes qui n’ouhlient jamais. Les distrations ? le travail physique ? intellectuel ? Le corps se lasse, l’esprit s’égare, le cœur ne change pas. La grande noce, l’ivresse, le bruit, le champagne ? On ne peut pas pourtant se pocharder éternellement. Alors, quoi ? Je crains qu’il n’y ait aucun remède pour le cœur blessé, à moins, peut-être, qu’on soit assez forte, assez courageuse, pour oser prendre son mal par les cornes et le raisonner, froidement ; le regarder bien jusqu’en ses détails ; analyser le passé, l’amant, le souvenir, la joie et la peine ; faire en somme une opération ma thématique ; se rendre compte du degré de souffrance ; bien envisager l’avenir, et t vouloir se persuader qu’on ne guérira...
À propos
Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.
En savoir plus Données de classification - dieudonné
- emile c
- neumont
- jacque d
- laure d
- falstaff
- sologne
- castéra
- lancy
- jeanne lo
- paris
- saussay
- cythère
- vittel
- bourgogne
- milan
- faust
- boulogne
- alma
- pibrac
- bt
- adam
- union