Extrait du journal
Nous venons de voir ce que les femmes entendent par le mot pudeur en Occident. Ecoutez maintenant ce que signifie ce mot en Orient. ...J’étaisarrivé le matin môme à Cons tantinople. J’avais déjà parcouru le quar tier de l’éra et, après une petite visite à l’aimable correspondant du Fin de Siècle, M. Vafiadis, nous nous dirigions, mon guide et moi, du côté de lu ville turque. — Monsieur voudrait peut-être voir des femmes turques? insinua mon guide. I >ieu m’est témoin que je n’y pensais pas. .le n'avais encore rencontré que des Anglaises et j’avais presque oublié qu’en Turquie il devait y avoir, en effet, des femmes vraiment turques. La proposition de mon guide me séduisit incontinent... II connaissait, me dit-il, un pauvre bou gre qui avait un grand besoin d’argent et une femme tout à fait charmante. Nous allâmes chez le pauvre bougre. Elle n’était pas seulement charmante, la femme du pauvre bougre : elle était admirablement belle, autant que j’en pus juger par le contour harmonieux des han ches qui transparaissaient sous la soie légère, son unique vêtement... Elle daigna me suivre, tandis que son pauvre bougre de mari et mon guide fu maient des cigarettes pour tuer le temps. Quand nous fumes seuls, à ma première prière, — ce ne fut qu’un geste, — elle se débarrassa, avec la meilleure grâce du monde, de la soie légère, son unique vête ment. Oh ! dirai-je la blancheur liliale de sa peau, et la rondeur de ses seins, et l’abon dance de... mais, non ! pas d’incongruités ! Mais quand je voulus voir son visage qui était resté encapuchonné d’un voile impénétrable, elle poussa des cris de paon. La garce ne voulut jamais consentir à me laisser apercevoir plus que le bout de son nez et ses deux yeux brillants comme deux chandelles. Non, elle ne le voulut pas, même quand j’eus détaillé à loisir les perfections de son corps sculptural, même quand j’eus corroboré les impressions insuffisantes et parfois trompeuses de la vue par celles plus probantes du toucher. Des traits de son visage j ; n’ai connu qu’un bout, de nez indifférent et deux yeux qui brillaient comme des chandelles. I .a pudeur, oui, la pudeur l’empêchait de me découvrir son front et son menton... Et si vous saviez comme je m’en suis bien passé en somme 1...
À propos
Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.
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