Extrait du journal
« Son mariage avec Luce fut un ro man d’amour. Il s’était épris, éperdu ment, de cette ravissante petite brune. Il l’épousa. 11 ne fut pas heureux. « La plupart des jeunes femmes de ce vingtième siècle, sont de déplorables amantes. Elles croient aimer, parce qu’elles s’abandonnent passivement aux tendresses de l’amant, lui balbutient des paroles aimables, lui sacrifient, pensentelles, une grâce et une beauté que tant d’autres, plus riches, plus beaux même que l’élu, seraient si fiers d’accaparer, elles en sont convaincues du moins. Oh l vous ne savez pas la dose formidable de vanité de ces petites femmes honnêtes I U.n homme les suit, les regarde, leur dit des choses polies, dans un salon, et les voilà aussitôt persuadées que le suiveur ou le beau parleur est fou, et foudroyé par l’amour ! Et comme elles ne se jet tent pas dans les bras de ces simili-ado rateurs, elles s’élèvent des autels, trô nent dans des tabernacles comme des saintes, des martyres qui renoncent — pour faire le bonheur d’un seul — à l’a mour magnifique, généreux, incompara ble de trente-six passants !... « Mais quelles allégresses donnentelles donc vraiment au privilégié qu’elles ont choisi, pour amant, pour époux ?... « Elles se laissent aimer, tout simple ment, rien de plus. Elles n’aiment pas, elles, parce qu’elles sont incapables d’ai mer. « Quand l’amant passionné, qui se croit passionnément chéri, s’abandonne à la joie délicieuse de rêver, l’un près de l’autre, enlacés, la main dans la main, les yeux dans les yeux, brusquement la jeune femme interrompt l’harmonie en chanteresse de la chanson d’amour. — « Je t’aime, disait l’homme, et je me sens près de toi, divinement troublé, infiniment heureux... quelle douceur de chercher dans tes yeux chers, la flamme vive qui me brûle délicieusement... « — Oh ! répond la jeune femme, tu verras demain, comme je serai belle pour toi. J’ai essayé aujourd’hui chez la couturière, une petite robe de liberty, qui me va très bien... Il y a surtout un...
À propos
Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.
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