Extrait du journal

cachées et les tétons en pomme des cocottes célèbres; il n’avait pas dit, mais il avait laissé penser que fleurs et seins de nos courtisanes étaient connus de lui non par ouï-dire seulement, et il avait affirmé qu’il n’y avait encore que ces temmes-là pour connaître l’art d’exciter les sens et de se servir de leur incontestable beauté. Mmc X... avait écouté mon ami avec, sur la bouche, ce sourire de recueillement satisfait qu’ont seules les femmes belles quand on leur parle de beautés. Et son sourire voulaitdire: « Mon cher monsieur, si vous me voyiez, très court vôtued’une chemise de linon, ou même sans chemise, vous verriez que, moi aussi, je sais être jolie. » Les hasards du monde firent que mon ami et Mmc X... ne se rencon trèrent point pendant quelques semai nes. Un jour dernier, dans une mai son amie, ils se trouvent nez à nez. Avec une habileté comme seulement les femmes savent en avoir. Mme X... trouve le rnoven d’être obligée de voir mon ami. C’est elle qui lui demande absolument un rendez-vous. Heure et jour sont pris ; Mme X... arrive, on lui fait la cour, bien entendu, et, avec une désinvolture rare, elle se cou che... et s’amuse. Le temps nécessaire, et tout le monde debout. Alors Mme X... de dire : — J'avais peur que vous ne crussiez que j’avais refusé, l'autre jour, votre cour, parce que j’étais laide ou mal faite; et i’ai voulu vous prouver, mon char ami, que parmi les bourgeoises il en est quelques-unes qui sont aussi jolies que les courtisanes fameuses dont vous m’aviez tant vanté les charmes. Ensuite, avant de se vêtir, elle se montra de pile, de face, fit admirer quelques points qu’elle jugeait particu lièrement admirables, s’amusa à se reconnaître une ou deux imperfections qui n’étaient en réalité qu’un excès de perfection, mit dans ses mains petites ses deux petits seins blancs, comme on porte des nids, prit des poses naïves savamment, et tout à coup, avec un geste coquet, tout fut caché par la chemise dans un grand éclat de rire. Un peu plus tard, la belle était loin. Mon ami ne l'a plus revue et fort pro bablement il ne la reverra plus, quoi qu’on lui ait avoué qu’on n’était pas mécontente de lui. Mais on lui a dit aussi pourquoi l’on s’était donnée, pour bien lui montrer qu'on n'était point laide et qu’on pou vait le dire....