PRÉCÉDENT

Le Fin de siècle, 25 mai 1899

SUIVANT

URL invalide

Le Fin de siècle
25 mai 1899


Extrait du journal

Au Rois : C’est un spectacle bien divertissant que d’aller aux Acacias entre onze heures et midi. C’est certes l’endroit le plus parisien de Paris, si j’en juge par le nombre d étrangers qui s’y donnent rendez-vous, car vous n ignorez pas que le Tout-Paris se limite à quelques centaines de personnes dont les neuf dixièmes sont étrangers, et... de quelques Parisiens. Le monde smart, pour me servir d’une expression chère à mon ami Jean de Mi II y qui en est l’importateur et le vulgarisateur, y est au complet Tous les petits gigolos des cabarets de nuit, ainsi (pie les petites cocottes faisant partie de la curée spéciale, reconnaissables à leur bagout de mauvais a loi. à leurs gestes désordonnés. Par contre,quelques jolies femmes, pour la plus grande consolation de nos yeux. Madeleine de Megen très bien attelée; Léonie Mendier, en un joli petit tonneau ; Nelly Newstraten, conduisant avec son chic coutumier deux jolis poneys de prix : il est vrai que Nelly n'en est pas à quelques poneys près, d’autant plus que Willie m'a tout l'air de revenir, ce dont je lui fais d ailleurs tous mes compli ments; Balthy, en chapeau haut de forme... dis gracieux , conduisant un trotteur (allons, Louise, je sais que vous ne posez pas pour la beauté, mais l’esprit n’exclut pas la grâce): Suzanne Dalmont. fidèle à sou urbaine à deux chevaux et à son seigneur et maître, j’en passe d’autres de moindre envergure, elle sont légion ! Je ne vois plus celle charmante amazone dénommée le Petit Mhl blanc, qui chevauchait régulièrement, flanquée d'un cavalier servant, de par les allées solitaires. Se pourrait-il que le baron, son financier chéri, 1 ait délaissée sans crier gare? La plupart de nos plus belles demi-mondaines portaient des chapeaux de chez Lenthéric, le roi des modistes. Instantané surpris au Mois, hier : l ue de nos empanachées les plus notoires, mère d'une charmante petite tille qui eut un jour ce mot délicieux : « Moi, je suis contente d’avoir beaucoup de papas, comme ça j’ai tout plein d’étreunes au jour de l’an ! » passait, au grand trot de scs superbes trotteurs, étendue sur les coussins de sa Victoria, avec cet air de distinction qui la caractérise, quand, dans 1 allée des Acacias, elle s’écria tout à coup : — Ab! mon Dieu ! Je l’ai perdue à Madrid ! Jean, retournez vite! Légèrement baba, le cocher balbutia : — Madame a dit ? — Mais Bébé! J’ai oublié la petite au château de Madrid ! U y a bien des gens qui oublient une fortune en omnibus ! Ajoutons, pour les âmes sensibles, que la fillette a été retrouvée saine et sauve. Un des plus joyeux farceurs que Diable Rose connaisse, le sympathique Henri C..., reçut, il y...

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

En savoir plus
Données de classification
  • bordenave
  • henri c
  • rachilde
  • amour
  • dieudonné
  • jack abeille
  • lenthéric
  • balthy
  • megen
  • isou
  • paris
  • lille
  • madrid
  • lily
  • beauvais
  • havre
  • i.i
  • particulier