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Le Fin de siècle, 31 juillet 1910

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Le Fin de siècle
31 juillet 1910


Extrait du journal

Si d'aventure un membre de la Société Protectrice des Animaux vous ne l’aimez pas puisque vous n'aimez pas son petit chien. Vous objecterez en vain piteusement que le petit chien n’a pas les qualités que vous attendiez d’elle et qu’il est conçu sur une toute autre esthétique que la votre. Vainement vous direz pour prou ver que votre âme n’est pas fermée ù tout sentiment humanitaire, qu'il existe dans les provinces de notre belle France quantité de vieilles dames qui, si elles adorent leurs chiens ou leurs chats, ne se soucieraient pas de laisser un pauvre mourir de faim. Vous êtes jugé, vous ôtes classé dans la catégorie des messieurs qui n’aiment pas les chiens et on parlera toujours de vous avec une certaine pitié dédaigneuse. Jamais on ne croira à la sincérité de vos senti ments. N ous êtes presque un monstre. N ous n’aimez pas les petits chiens. Si par hasard vous arrivez à conquérir les bonnes grâces de la dame, le petit chien se dressera toujours entre vous comme un in surmontable obstacle ù votre bonheur. Dans un diner votre maîtresse se penchera vers vous et vous dira avec dégoût en vous mon trant un sien voisin qui trempe ses doigts dans sa sauce avec plus d’enthousiasme qu'il ne convient : — Regarde celui-là, il mangé comme un pourceau. Car remarquez-le, on peut aimer les' pe tits chiens et ne pas avoir le même amour pour les autres bêtes, ce qu’on prouve en empruntant toujours les comparaisons désagréables du langage courant au soi-di sant défauts des autres représentant des races animales. A cet instant précis le petit chien éprouvera l'impérieux besoin de resti tuer au tapis sa nourriture et de laisser une empreinte malpropre et malodorante de ses orgies. Pour la forme voire maîtresse, qui est en même temps lu sienne, le grondera en le câlinant, mais elle vous dira tout en conti nuant à lancer des regards chargés de mé pris au monsieur qui mange mal : « La pauvre petite bête ! Tant pis pour nous... On la laisse enfermée dans un appartement... Vraiment, à quoi pensonsnous. C’est de ta faute aussi, tu ne me dis rien. D’ordinaire il (il c’est le petit chien) se tient beaucoup mieux à table que plu sieurs hommes que je ennnais. Il...

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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