Extrait du journal

réussi à s’en emparer, mais leur succès fut de courte durée, et ils ne tardèrent pas à être définitivement repoussés dans le fort. Sur ce point encore, l’enga gement fut meurtrier ; un détachement de marins eut vingt hommes hors de combat ; le capitaine qui le commandait aurait été tué. La gare est complète ment détruite. LE MOULIN-SAQUET. Diverses versions ont couru sur l’affaire du Moulin-Saquet. Nous n’avons voulu en rapporter aucune avant d’en avoir nous-même vérifié l’origine. Au jourd’hui, nous pensons qu’il n’y a rien d’exact dans tout ce qui a été dit à ce propos. En effet, d’après des renseignements qui nous sont donnés à l’instant même et sur la véracité desquels il ne nous est guère permis de douter, voici la façon curieuse dont les choses se seraient passées. Une surprise était projetée contre le Moulin-Saquet, mais il fallait, pour l’exécuter, prendre infini ment de précautions, à cause des positions voisines occupées par tes insurgés. Deux soldats, déguisés en ouvriers, et la hache sur l’épaule, s’avancèrent vers la première sentinelle placée par les Commu neux et se mirent à causer avec elle. Choisissant une occasion favorable, l’un d’eux frappa d’un coup de hache, par derrière, le factionnaire et l’étendit à ses pieds. Les deux soldats, que leurs compagnons suivaient à une certaine distance, continuèrent leur route vers le Moulin-Saquet. Ils rencontrèrent un second factionnaire qui leur cria : — Qui vive ! L’un des soldats, en plaisantant, jeta au garde national le mot de ralliement qui avait précisément été donné aux avant-postes de l’armée de Versailles : — Vengeur ! Par un hasard tout à fait extraordinaire, ce mot avait été aussi, cette même nuit, donné aux avantpostes fédérés. Grâce à cette coïncidence, les deux soldats purent s’avancer jusqu’au factionnaire qui eut le même sort que le premier. C’est alors que le détachement qui les suivait pénétrait dans le Mou lin-Saquet. On sait le reste. Si cette version est exacte, et nous n’avons aucune raison d’en douter, la trahison serait donc complètement étrangère à ce fait. MONTRETOUT. Depuis hier, le bruit d’une canonnade des plus violentes tient tout Versailles en éveil. C’est un im mense duel d’artillerie qui est engagé entre le rem part et les batteries d’Asnières et du Mont-Valérien. Nos pièces de marine battent sans cesse la PorteMaillot, qui ne présenterait plus, d’après le rapport des soldats, qu un amas de ruine. Le pont-levis est brisé et la brèche s’agrandit chaque jour. Dans la journée, le bruit de la ville a couvert celui de la canonnade, mais à quelques pas de Ver sailles, on pouvait percevoir distinctement le bruit sourd de l’artillerie. Le combat n’a pas, en effet, discontinué un instant : nos artilleurs ne laissent plus ni repos ni trêve, aux défenseurs des rem parts. presqu’île de gennevilliers. Nous n’avons aucun mouvement à signaler au jourd’hui sur nos positions de la gauche. Dans la soirée, tes insurgés ont bombardé Neuilly pendant deux heures. Ce matin encore, nouveau bombardement, cette fois, sur Courbevoie. La canonnade a duré cinq heures. Les obus sont venus tomber jusqu’au-delà de la voie ferrée, à la porte du poste télégraphique. Depuis heures qu’elle occupe les avant-postes, la division Laveaucoupet, malgré le tir dévergondé des insurgés, n’a eu que neuf hommes blessés lé gèrement. Aucun mort à déplorer. Ce matin, le général Ladmirault avec un officier d’ordonnance est venu en voiture visiter la division de la presqu’île. Aussitôt son départ, on a publié, dans Courbe voie, un arrêté qui ordonne la fermeture de tous les débits, restaurants et autres établissements publics, aussitôt la retraite....