Extrait du journal

J'ai d'abord cru que cette délicieuse missive se trompait d'adresse. Depuis quelque temps déjà, piqué de la tarentule générale, le chroniqueur a abandonné les menus faits de ta vie parisienne et s'est plu, lui aussi, à tirer des pétards dans le champ de la peUtique. Mais non, il faut que je me résigne, quoique j'en aie. La lettre retarde, voilà tout. Mon nom est bien sur l'enveloppe, écrit en imposantes majuscules majuscules significatives qui me font penser, mademoiselle, que, avant de devenir la femme élégante que j'aime à supposer que vous ê!es, vous ° avez dû préluder à une instruction évidemment incomplète en inscrivant, sur un livre de cuisine, les comptes de la journée. Gardez-vous d'en. rougir Les niais seuis rougissent du point de départ comme d'une tache originelle. Puis, qui sait? Je connais te monde auquel le parfum un peu trop vicient. de votre papier à lettre me dit nettement que vous appartenez. Que d'existences faussées, dès le début, il y a dans ce monde-là 1 Fille d'un vieux soldat tembé sur te champ d'honneur, vous avez eu sans doute une jeunesse abandonnée à t'aventure. Je vois ça d'ici. Une soupente, des saucisses p)ates, des pommes crues, un fragment de miroir pendu au mar te tout, avec une écœurante odeur de patchouli. Pauvre demoiselle et quejevous plains! I...