Extrait du journal

Du temps qu'ils étaient écoliers, les citadins ont appris que le soleil se le vait tous les jours. « Nous en faisons autant », ont-ils pensé philosophique ment. Ce rapprochement suffit pour les contenter. Depuis, ils ont vérifié le phé nomène, en ce sens qu'ils se sont cou chés très tard, en pleine nuit, et que l'astre était déjà haut dans le ciel, lors qu'ils commençaient à entrebâiller leur paupière alourdie par le sommeil. L'ha bitude prise, ils ont continué à dormir tranquillement, sans jamais avoir la curiosité de contempler le spectacle merveilleux. Il faut des cas exception nels pour qu'ils l'aperçoivent, un ma lade qui exige que l'on appelle le .mé decin. Alors, par la vitre de la demeure, cependant qu'anxieux on se penche sur le téléphone, on devine une pâleur qui se manifeste entre les toits. Ou bien, en rentrant du bal ou de Montmartre, ils "ont plaisanté, tandis que l'horizon devenait moins obscur, mais avec du vague à l'âme, avec une imprécision confuse, morne, empreinte de la tris tesse qui est celle des lendemains de fête et qui présage la migraine. Par fois, après une nuit en chemin de ils ont vu une lueur rose déchirer le firmament, à travers le mal de tête et •le tapage infernal et obsédant des roues, ballottés, engourdis, courbaturés, et ils se sont empressés de refermer les yeux, en attendant un instant plus convenable pour rentrer dans la réalité du monde....