Extrait du journal

. Les campagnes sont inondées de petites bro cbures, souvent rédigées en forme de dialogue. I Les socialistes « travaillent » de préférence, cette Lfois-ci, le 3 populations rurales. J'ai sous les yeux plusieurs de ces écrits. Leurs auteurs ont donné la mesure d'un art véritable, soit dans teur façon de présenter les questions, soit dans a façon de les éluder. Ils évitent tout ce qui '«pourrait inquiéter les détenteurs de ce qu'ils ap pellent la «petite propriété paysanne ». Ils font seulement entrevoir le partage du grand domaine jiroisin, que le propriétaire ne cultive pas de ses mains. Ils jouent avec dextérité de l'impôt progressif eur le revenu. Ils disent aux paysans: «Que vous importent les difficultés d'application et les procédés vexatoires, inquisitoriaux auxquels il faudra recourir ? Tout cela passera par-dessus vos têtes. Le résultat sera pour vous l'exemption pure et simple, car vous n'avez pas deux mille cinq cents francs de revenu. N'est-ce pas que vous ne les avez pas, que vous ne disposez ja mais d'une pareille somme annuelle?» Bien entendu, on évite de dire que le fisc éva luera, pour la détermination du revenu, tous les produits de l'exploitation que le paysan consom me en nature au lieu de les réaliser en argent, et '•aussi la somme que représenterait le travail de la femme, celui des enfants, s'il était payé. On dis simule ces points, pourtant essentiels : «Voyons, demande-t-on, vous est-il jamais arrivé d'avoir en mains, au cours d'une année,deux mille cinq cents francs en beaux louis d'or, pour en faire ce que vous voulez ? Non, bien sûr. Dès lors l'im pôt ne vous atteindra pas. » Que l'impôt, par malheur, soit jamais voté : la plupart des petits cultivateurs verraient qu'on a abusé de leur crédulité. Ce serait trop tard ; le aurait été joué. »...