Extrait du journal
Du point de vue visuel, classique, votre œuvre est un éblouissement. Du poînt de vue intellectuel, poétique, lyrique, elle est une exaltation. Quelquesunes de vos toiles font imaginer des cantes d'Espagne et d'Italie auxquels auraient collaboré Musset, Baudelaire, Henri1 de Régnier et Maurice Barrès, tant elles contiennent de réalité, de rêve, de sensualité, de mysticisme, de somptuosité et de beauté, car vous aimez pardessus tout la beauté. Certes, parmi les créatures humaines, vous choisissez, pour les peindre, les plus belles, mais an dirait que sous votre regard elles deviennent plus belles encore. Non pas que vous interprétiez, comme on dit, mais, par votre présence, par vatre talent, par votre génie, vous les invitez à se surpasser. C'est qu'entre le peintre et son modèle, il doit exister, à mon sens. une sorte de collaboration. Au cours des séances, si le peintre est ennuyé, un air d'ennui se répandra sur le visage et dans toute l'attitude du modèla s'il est vulgaire, un vernis de vulgarité. Et tenez, il est bien clair qu'un homme qui posera devant un peintre assis et les mains dans les poches de son veston, l'expression de sa figure ne sera pas la même que s'il pose debout et la main sur la hanches Aussitôt, il prend un air de tête et 'Plus noble et plus fier. Et; de mêma, si au lieu d'être vêtu d'un complet couleur d'ardoise, ou de pain brûlé, ou de poussière, qui le situe dans la mode et, par conséquent, dans le temps et, parfois, dans le ridicule, il se drape dans la sobre dignité d'une cape noire d'où la tête sort lumineuse, pour beau qu'il soit, le voilà plus bel encore. Si vous savez admirablement tout cela quand il s'agit des hommes, que ne savez-vous pas quand il s'agit des fémmes Vous êtes, mon cher Beltran, un charmeur, un animateur, un entraîneur de beauté. Cela se révèle dans tous les portraits que vous nous présentez et qui constituent une galerie exceptionnelle, .incomparable. Et félicitons-nous que de cette galerie vous ayez détaché un chef-d'œuvre pour l'offrir à Paris. L'autre jour, M. le directeur des beaux-arts, visitant l'exposition de vos tableaux au Cercle interallié, avait voulu offrir, pour le musée du Luxembourg, l'admirable portrait de Mlle Lucrécia Bori, cette symphonie en bleu, ce saphyr. Malheureusement, la France, qui est sortie victorieuse d'une longue guerre défensive, n'a pas d'argent pour ses laboratoires et ses musées. M. Paul Léon vous faisait une offre modeste. Vous avez préféré nous faire un don magnifique. On m'a raconté qu'il y a vingt ans, deux vieux peintres causaient « Ali disait l'un, je viens de voir une exposition organisée par de très jeunes confrères. Ils sont étonnants. Ils ne dessinent plus, ils ne- peignent plus, ils ignorent la forme, la couleur, la perspec,tive, les plans ils ignorent tout et ça a du succès il paraît que c'est la peinture de demain. » Alors, après un silence, l'autre dit, mélancoliquement et simplement « Nous sommes f. » Je vous démande pardon, messieurs, et à vous puis vingt ans, sous prétexte de bai Rneuses; nous avons vu tant de mari-....
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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