Extrait du journal
Chère Anna Karénine, c'est ainsi que, sans le savoir. vous trahissez la grande cause humaine, c'est ainsi que vous désertez. Nous qui vous aimions et qui avions pitié de vous, nous n'avons pas compris, d'abord, la portée de votre faute. toutes ses conséquences. Il a 'fallu le malheur de vos frères, le grand drame russe, l'inexprimable confusion, pour vous apercevoir, tout à coup, inconsciente, touchante et si pitoyable, mêlée à ce désordre, qui de votre esprit a gagné tout un peuple! Pardonnez-moi ces mots cruels. Vous savez bien que je ne suspecte pas votre. coeur, qui était bon et charmant. Vous avez été aussi une jeune femme sans repro:he, une maman tendre et occupée de son petit garçon.. Ce n'est pas complètement de votre faute, ce qui est arrivé ensuite: Karénine n'a pas su se faire aimer. Cet honnête homme manquait par trop de charme Mais votre grâce, vous, fut si puissante qu'elle nous a presque aveuglés, et nous découvrons, aujourd'hui, le péril séduisant que vous représentiez. •– Cette anarchie sentimentale, cette indiscipline, ce goût aventureux de la liberté (trop lourde, petite à à vos frêles épaules!), cette violence, cette analyse dans le désordre, voyez ce que peuvent de si dangereux ferments recueillis par toute -une nation! Ah! votre révolte, amoureuse, déchirante, vous ne la reconnaissez plus dans cette rage, ces violences, ces convulsions! Vous ne vouliez que le droit d'être sincère et de choisir vos fidélités. Mais, pauvre enfant perdue, n'est-ce pas plus beau d'accepter celles que nous portons déjà, et de leur obéir? Malheureux grand Tolstoï Douloureux « roman russe 1 I Il y a deux siècles, un autre ,rêveur, une autre âme en peine, qui avait nom Rousseau, eut à peu près la même aventure; la même destinée. Lui aussi, il aima l'humanité d'une façon fougueuse, attendrie; lui aussi, souhaitant aider à son bonheur, voulut relever les faibles, les coupable, las souffrants.' La créature humaine lui sembla prisonnière et victime des préjugés, des lois, des institutions; comme à Tolstoï, elle lui fut si chère qu'il crut l'avoir sauvée en reculant autour d'etts toutes les frontières. Et, chérissant sa Nouvelle Héloïse, entourant de soins et d'amour le jeune Em;le, pleurant sur une pervenche qui lui rappelait sa terre natale, il façonna pourtant l'enfance de ceux-là qui firent la Révolution! Anna Karénine, un 'grand vieillard égaré et magnifique vous avait créée toute faible, charmante et pourtant redou-...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
En savoir plus Données de classification - humbert
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