Extrait du journal
I Puisque les nouveaux t beaux » font parler d'eux, et de leurs habits rouges, et de leurs habits puce, parlons d'un de leurs plus célèbres ancêtres. Au Théâtre-Français, on m'annonça un jour le comte d'Orsay. Je l'avais entrevu dans un dîner chez Lamartine, mais nous étions loin l'un de l'autre; il s'envola en sortant de table, à mon grand regret, car c'était une des personnalités qui me pre naient l'esprit. « Oh ! je le connais ! s'é cria Rachel, qui se trouvait dans mon ca binet avec Brohan ; je vais lui dire bon jour. » Il entra; illa salua de son sourire cordial et la pria de le présenter à moi, mais je la suppliai de me présenter au comte. Il me serra la main et embrassa les deux comédiennes. C'était le charmeur par excellence ; la nature avait été très bonne mère pour lui, le jetant parmi les supériorités, alliant la grâce à la force, accentuant sur le masque les lignes de l'intelligence, adoucissant les reliefs par cet air souriant qui vient du cœur et qui parle uu cœur. Il était de ceux qui n'ont pas besoin d'un blason, tant ils portent bien la noblesse sur leur figure. On eût dit une page détachée du livre héraldique. En ce temps-là, il était encore très beau et très vivant, quoiqu'il fût déjà marqué par la mort. « Il est bien naturel que je vous trouve ici, dit il à Rachel, car c'est pour vous voir que je viens voir Arsène Houssaye; vous jouez Phèdre ce soir, ce sera une bonne fortune pour moi d'être là mais, il n'y a plus un seul Jauteuil ni à 1 orchestre ni au balcon. C'est vrai dis-je, mais il y encore ma loge, que iê vous offre de tout mon cœur. Eh bien ! j'accepte comme d'un ami, car c'est la meilleure loge du théâtre ; je vais l'offrir à la duchesse de Gramont, qui viendra avec Guiche. » Guiche, c'était le futur duc de Gramont. En effet, d'Orsay et de Guiche vinrent le soir avec la duchesse,qui m'invita dans ma loge. La soirée fut charmante. La du chesse avait beaucoup d'esprit, comme d Orsay ; Guiche avait tout l'entrain d'un gentilhomme qui ne doute de rien. Rachel n,°,USi?t-? sÎßnes de bonne camarade ; elle était d'ailleurs contente de nous, car nous n'étions pas les derniers à frapper des mains devant son jeu eschylien. Une Petite porte de ma loge s'ouvrait sur le théâtre : nous allâmes serrer la main à la grande tragédienne; laduchesse elle même fit trois pas sur les planches pour dire à Rachel combien elle l'admirait. Phèdre était d'ailleurs habituée à toutes ces ado rations ; on peut dire qu'elle fut l'actrice des gens du monde, même à cette époque ou elle venait de psalmodier la Marseil laise. Devant les compliments de la duchesse de Gramont, Rachel, qui n'était jamais prise sans vert, dit avec une abondance de cœur : » Comment ne jouerais-je pas bien quand je vois, dans l'avant-scène, deux Hippolyte? »...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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