Extrait du journal

S'agissait-il, dans l'occasion, d'un de ces rares chefs-d'œuvre qui par la beauté, la grandeur et l'émotion du sujet qu'ils traitent, sont capables d'élever le spectateur au-dessus de luimême, et de lui donner accès dans un monde nouveau ? Ce tableau, équivalent d'une fortune, représentait-il un de ces visages devant lesquels rêvent, l'une après l'autre, les générations représentait-il un paysage d'éden, où les coteaux et les arbres, les cieux et les rivières entourent et protègent la promenade de quelque héros pacifique, le repos de quelque nymphe heureuse ? Point dy tout. On n'y voyait que deux ballerines, devant un mur nu, étudiant leur métier. De la part de l'artiste, aucun effort d'imagination, aucun désir de créer. L'art de cette toile consistait dans le puissant caractère du dessin, dans l'adresse incomparablé avec laquelle la couleur et la lumière étaient fixées. Rien d'autre la réalité la plus directe, et, il faut bien le dire, la plus triste, car ces deux danseuses n'étaient point de jolies filles, loin de là...