Extrait du journal
ne Théine La reine de Roumanie arrive à Paris Ce matin. Comme elle voyage incognito, nous ne pourrons pas l'accueillir avec des vivats et des fleurs, comme nous avons fait pour la reine des Belges. Cependant, tous les Français qui savent l'histoire ont pour cette Princesse des sentiments analogues à ©eux qu'ils ont témoignés à la reine Elisabeth. Ce malheur, vaillamment supporté, est chez nous un sacrement .qui ajoute une grandeur et une poésie nouelles à la couronne des Rois. Dans le plus démocrate de nos compatriotes sommeille un chevalier qui rêve de 'dévouer sa vie à quelque majesté perséCelle que nous recevons aujourd'huii a la beauté et tous les charmes d'une princesse de conte de fées cette grâce et cette fermeté, dont la rencontre est une caractéristique de la race anglaise, enveloppées des voiles de l'Orient. Quand, toute jeune, elle est venue de son île, pour épouser l'héritier du trône «de Roumanie, la fille du duc d'Edimoourg, la- petite-fille de la reine Victoria, '& été conquise par cette poésie qui émane de la terre orientale et de cette race de' paysans latins qui vivent en Moldavie l'existence du laboureur de Virgile. Sa joie, sa récréation, fut de se mêler, vêtue du costume national, aux fêtes villageoises. Il y a dans les plus beaux lieux de Roumanie, des monastères, asiles de paix; dont la nostalgie, portée par ses ancêtres, a dû hanter l'imagination de la comtesse de N'oailles. On y tisse 'des tapis voluptueux et l'on fy compose des confitures avec les pétales des roses. La Princesse aimait à .faire de longs séjours dans ces couvents silencieux, au milieu desquels une âme iromanesque n'entend et ne suit que ses seuls mouvements. Tout près de la terre, tout près du peuple, la Princesse gagna ainsi les cœurs des plus humbles parmi ses futurs sujets. Mais grande lectrice des légendes et de l'histoire, sa prédilection allait vers ceux des Roumains que les traités avaient séparés de la mère patrie les Transylvains, dont le deuil est éternel*. De l'autre côté de la frontière, la paysanne se pare des mêmes broderies que la Roumaine, mais elles sont de fil ou de soie noire, et jamais, depuis des années et des années, les. femmes n'ont porté que des robes noires, et autour de leur taille, elles mettent une chaîne -pour montrer qu'elles vivent en esclavage. La Princesse héritière rêvait de dénouer cette chaîne et imaginait des circonstances heureuses qui pourraient mettre fin à ce deuil séculaire. Ses amis disent que c'est ce sentiment qui la jeta avec tant de force du côté des alliés....
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
En savoir plus Données de classification - réjane
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