Extrait du journal

Damnation de Faut On pouvait craindre pour la mise à la scène, de l'œuvre si brillante et trop vulgarisée dans les concerts, par quoi Berlioz, mort, imposa son nom aux fils de ceux qui, de son vivant, l'avaient hué. Je ne l'avais jamais entendue à l'Opéra avant cet hiver. Ce n'est pas sans beaucoup d'appréhension que je tentai l'épreuve, car Berlioz est un de ces artistes au sujet desquels notre opinion reste un peu flottante. Il ne nous donne pas ces satisfactions de sécurité que nous exigeons des demi-dieux de notre Panthéon après une si longue attente, il nous trouble plutôt nous l'aimons comme une femme qui aurait eu la beauté du diable et que l'on craindrait de retrouver défraîchie. Pourtant, nous savons bien que Berlioz fut un génie, que son influence domina le dix-neuvième siècle, qu'aujourd'hui encore ses partitions d'orchestre sont un dictionnaire éternellement consulté. Ce que lui doivent Liszt et Wagner Il nous est cher, comme l'un des plus grands, des plus authentiques Français il nous est plus cher, que nous ne l'admirons tout à fait le scntiment entre pour une bonne part dans notre religion enfin, nous ne désirerions pas qu'on le diminuât à nos propres yeux, sans cependant avoir l'envie ou le courage de retourner aux renseignements. Or, j'y fus l'autre jour, par acquit de conscience et curiosité....