Extrait du journal

'« Chanter pour chanter c'est d'abord bien émettre ou bien poser la voix. Ensuite, c'est la conduire de note en note et donner à chacune, selon les règles du solfège, la valeur, toutes les ,valeurs, de durée et de sonorité, qu'elle doit avoir par rapport à celles qui la précèdent et qui la suivent. « Chanter pour chanter», ce n'est pas, comme fit, un autre jour encore, une autre dame consultante, briser au profit soi-disant de « l'expression » le cours régulier, en croches égales, de cette phrase d'Armide « Ah l si la liberté.» « Chanter pour chanter », c'est lier et non pas hacher les sons. C'est encore battre un trille, c'est nouer ou dénouer, d'une voix agile, un gropello, cette écharpe ou ce bouquet de notes légères. C'est jeter en se jouant ces traits, vocalises ou roulades qui faisaient les délices, de Balzac et dont la pratique, abandonnée aujourd'hui, n'en demeure pas moins le fond nécessaire fit le premîer-!»-. exercice de l'art ou du métier En vérité, Messer Claudio, le « beau juge des Caprices de Marianne, a raison: « Bien chanter est difficile.» ,Tibia, son valet, a beau lui répondre « Difficile pour vous et poùr moi, qui, n'ayant pas reçu de voix de la nature, ne'lavons jamais cultivée mais voyez comme ces acteurs de théâtre s'en tirent habilement. » Claudio « Ces gens-là passent leur vie sur les planches. » Mais sur les planches même, la plupart s'en tirent peut-être avec moins d'habileté qu'autrefois. Et ce n'est pas seulement leur faute. La voix est moins cultivée, étant moins en faveur. De plus en plus on prétend se passer d'elle, on la dédaigne, on la proscrit, et, sous la tyrannie du « tout à l'orchestre »; les musiciens de théâtre se sont conjurés contre la parole et le chant....