Extrait du journal

Dans le joli monde des malfaiteurs, le vol à. la tire est considéré comme un art qui exige un ,long apprentissage, et que les pégriots ne par viennent pas toujours à acquérir. Cet art, ie croirait-on? est enseigné dans cer tains pays étrangers par des professeurs spéciaux ; :et les élèves qui suivent les cours de ces écoles .professionnelles affectées à la science du vol sont, paraît-il, assez nombreux. Les apprentis voleurs sont initiés à tous les secrets de la tire, et cela à l'âge où les enfants ne songent encore qu'à faire tourner leur toupie. Après plusieurs leçons, ces professeurs font subir à leurs élèves des examens théoriques et pratiques sur un mannequin. Ce mannequin d'épreuves, habillé comme un homme et surchargé de grelots, est suspendu au plafond par un fil d'acier, de sorte qu'au plus léger contact les grelots se mettent en branle. Un enfant est jugé apte à « travailler » dans la foule lorsqu'à diverses reprises, et sans faire retentir un seul grelot, il enlève une bourse ou portefeuille dans les poches du mannequin. Lépreuve la plus difficile consiste, sur un mannequin d'homme, à défaire le bouton de gilet pour sortir la barrette de la chaîne et sou lever la montre, et, sur un mannequin de femme, à enlever des bijoux épingiés au corsage. Quand il débute jeune, le pégriot devient par la suite très habile. Il peut <( faire » une dou zajne de portefeuilles dans son après-midi. La plupart des pickpockets sont de nationalité étrangère; les Anglais, les Américains, les Ita liens sont les plus nombreux. Physionomies des plus variées extrêmement curieuses à examiner et à étudier. On les .rencontre aux courses, dans les théâtres, dans les églises, à la Bourse, au cercle, dans les salons du monde et même... dans les réceptions officielles. Un ancien chef de la sûreté nous confia un jour qu'il avait aperçu à une soirée de l'Elysée un pickpocket notoire qu'il avait envoyé six mois auparavant au Dépôt. Les pickpockets de grande envergure sont d'hu meur voyageuse ; ils séjournent une semaine à Paris, vont faire une tournée à Deauville, à Vi chy, à Aix ou à Nice, selon la saison, et re viennent dans la capitale. En gens pratiaues, ils adorent Paris parce que c'est la .ville où le « tra vail » est le plus lucratif et le plus facile....