Extrait du journal

Les mouvements de concentration des corps d'armée commencèrent le 23 décembre et s'achevèrent, tant bien que mal, le 1er janvier 1871. Pendant que ces mouvements s'exécutaient, le général allemand de Wérder, qui couvrait le siège de Belfort en occupant Dijon" avec le 14" ̃ corps d'armée, ramena celui-ci en arrière jusqu'à Vesoul et lui fit prendre position au nord de cette ville, sur un ruisseau appelé le Burgeon, pensant bien que l'armée française de nouvelle formation n'oserait marcher de Besançon et de Dôle sur Belfort en négligeant sur son flanc gauche une force aussi menaçante. Le 5 janvier 1871, les 18° et 20° corps, ayant à leur droite une division du 24e, occupaient, après la marche, une longue ligne faisant face à Vesoul et à 12 kilomètres de cette ville, en ̃ sorte que si le mouvement eût continué le lendemain, un combat en serait résulté, le 7, suivi d'une victoire française, attendu que les cent mille hommes de Bourbaki, pour si peu aguerris qu'on les suppose, étaient à même de vaincre les quarante mille hommes de Werder. Mais les dirigeants de l'armée française à cette époque nourrissaient l'illusion de croire à la possibilité d'obtenir de grands résultats sans se battre, par la seule puissance de la manœuvre. Cette illusion, commune à toutes les périodes de décadence militaire, on la retrouve chez les généraux prussiens de 1806, à la veille de la bataille d'Iéna....