Extrait du journal

Le. dix-neuvième siècle s'était flatté de ne pas mourir avant devoir expliqué l'énigme de la vie. La pensée fumeuse de certains savants s'abandonnait à de belles ivresses l'heure était proche, croyaient-ils, où ils sauraient comment se fabrique un être vivant, où ils reconstitueraient ce phénomène, où ils en épieraient les surprises, où ils en exhiberaient lés pour toutes, rayé de la préhistoire le geste de Dieu créateur, ils feraient à leur tour, eux, pour la' première fois, une besogne créatrice. Ils parviendraient à animer la matière, à la faire vivre. A tant de générations dont toute l'omnipotence avait consisté à pouvoir donner la mort, succéderait une humanité nouvelle, plus puissante et plus fière, qui distribuerait ellemême la vie et cette obscure apparition, qu'à peine auparavant savait-on définir, deviendrait. si-familière aux chimistes, qu'ils pourraient la susciter, la produire, l'élaborer au fond. de leurs cornues. Aprement ils interrogeaient la matière pour faire sur elle nette dernière conquête. Mais chaque défi qu'ils jetaient au mystère était le prélude- d'une défaite nouvelle, et la science sérieuse finissait par avouer sa détressé la science était, à, sa façon, une vaincue de la vie....