Extrait du journal

Il y a une douzaine d’années, Litz traversait au galop de sa" chaise de poste un petit village du duché de SaxcWeitnar. Il faisait un orage effroyable : la pluie tombait par torrents, le ciel était en feu, la foudre éclatait en coups précipités et furibonds. Dans le village, tout était clos, muet, désert. Seul, un mince jeune homme, guère plus haut qu'une pipe de Burschen, habillé de noir, coiffé de cheveux inouïs et portant sous le bras un rouleau do papiers presque aussi long que sa personne, barbotait au milieu de la tempête et découpait sur le fond enflammé des éclairs la silhouette fantastique d'un personnage d’Achim d’Arnim, ou d’Adalbert de Chamisso. Touché des cataractes que déversait 1 orage sur ce singulier voyageur, Litz se penchait à la portière pour le héler et l’inviter à prendre place dans la voiture, quand un zigzag électrique déchire la nue et raye la route, une détonation terrible le suit, les chevaux se cabrent et le jeune homme disparaît dans la lumière et dans le bruit... Litz le crut mort sous le tonnerre. Pourtant, une demiheure après, comme l’artiste se mettait à table au taschaussa de la Couronne, pendant que relayait son...