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Le Gaulois, 12 février 1900

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Le Gaulois
12 février 1900


Extrait du journal

Je me rappelle la salle des beaux-arts de la Belgique à notre Exposition universelle de 1878. A vingt-deux ans de distance, le nom seul d'Al fred Stevens, aux œuvres duquel une exposition particulière est consacrée, à cette heure, au quai Malaquais, évoque en mon souvenir la rayon nante muraille où ses tableaux s'épanouissaient en éclat et en charme. Ce fut un triomphé pour l'artiste, né Belge, mais qui n'a guère vécu que parmi nous, et qui aparisianisé,sans l'affadir, sa franche vigueur flamande. Parce qu'il avait vu la mode lui sourire, plusieurs se défiaient de lui. Au maître féminin et non efféminé, épris de la femme élégante et des coquetteries de sa vie, des critiques se rencontraient pour reprocher ses humeurs frivoles. Du coup, les vains jugements se trouvèrent rectifiés. Chacun s'aperçut que ce peintre de la. femme était un peintre délicieux et un grand peintre. Ce jugement est acquis : la réu nion de ses peintures à l'Ecole des beaux-arts le confirme avec une force décisive. L'avenir n'y changera rien. Le malheureux Stevens, aujourd'hui terrassé par la maladie, peut assister douloureusement à son apothéose. Pas une voix qui ne le vante ; pas un de ses mérites qui ne soit reconnu. Eh ! sans doute, tous les morceaux qu'il a peints ne sont Sas de réussite égale. Mais qui donc, en dehors es médiocres, garde un niveau constant en ses ouvrages multipliés et variés ? L'essentiel est qu'on ait donné son opinion sur les choses en un certain nombre de chefs-d'œuvre, expressions d'une pensée complète. Les chefs-d'œuvre de Ste ,vens sont nombreux, d'une double exquisité et de vérité particulière. Il a vécu l'existence qui lui plaisait, les yeux ouverts aux choses et aux spectacles de son goût. Joyeux de vivre et de peindre, capable de s'attendrir, sinon de se passionner, observateur raffiné de la femme, laborieux épicurien, coloriste aux vives et tou jours fraîches sensations, virtuose aux touches sûres et jamais amollies, on peut le considérer comme un type. Des milieux riches, les plus dif ficiles à rendre qui soient, il a tiré des impres sions dont on ne se lassera point. Qu'on le classe, si l'on veut, parmi les petits maîtres. Je ne suis pas sûr que les « petits maîtres » ne soient pas les plus chers aux temps qui viendront. Le sens de ce qui est digne de demeurer les éclaire devant ce qui se passe et ils savent, en ce qui n'est pas fait pour durer, dégager le durable. Leurs ta bleaux sont, tout ensemble, des appels à l'idéal et des constatations de faits. Au dessus de la réa lité, leur art donne la liberté au rêve, A...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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