Extrait du journal

Apprenez 1. En effet, Ménardf nous signale mainte chose par quoi nous- travaillons, comme à plaisir, à nous rabaisser le taux de la vie. Il incrimine particulièrement une certaine éducation qui inculque aux jeunes gens que l'existence est mauvaise. Nettement ennemi d'un optimisme facilej il ne l'est- paa moins, comme l'observe M. Bergson en sa pénétrante préface, d'un pessimisme stérilisant. La plupart des traits sous lesquels Ména.rdl dénonce ce pessimisme nous sont connus. Mais d'autres sont plus subtils; ils constituent une façon inconsciente de dissoudre chez la jeunesse la confiance en la vie, et beaucoup d'éducateurs, croyons-le, ne s'y paissent aller que faute d'en avoir vu le sens. Tel, par. exemple, ce soin qu'ont tant de parents d'épargner à leur enfant le mal qu'ils eurent à faire leur place au soleil, leur application à écarter de ses pas tous les obstacles d'où, chez l'enfant, haine et mépris de Teffort, et, par suite, de la vie en ce qu'elle estlutté et peine. Telle encore et surtout l'habitude qu'ils-, ont de mêler leurs enfants à leurs petites misères, faisant ainsi d'âmes de quinze ans de vieilles âmes, qui ne voient déjà l'existence que sous l'aspect comme nécessaire du médiocre et du. triste. Mériard1 a là de beaux accents « Les parents doivent aider les enfants à conserver leurs illusions. La candeur est une petite flamme fragile qu'il faut garder du vent avec la main quand elle est morte, on ne peut plus la. rallumer. » Et encore «: N'oubliez pas que l'homme vit toute sa vie suit ses années d'enfance. » Et, sans doute, ces principes d'édhicatiom sont discutables; mais ce qui ne l'est pas, c'est la beauté qu'il y a à trouver de tels élans de fraîcheur et d'amour sous la: serre de la mort....