Extrait du journal

Alors nous aurons le droit de préten dre, comme nous l'avons fait au lende main des élections, que nos doctrines si non nos personnes, ont triomphé, devant le suffrage universel. Mais, si le courant violent l'emporte, comme il l'a emporté depuis douze ans, nous avons devant nous quatre années de troubles, de crises et de malaise. Il ne faut pas croire un seul instant que l'alliance électorale des républicains puisse survivre aux élections. Chacun d'eux va reprendre son rang, se remettre à jouer de son petit chalumeau particulier. Vous voyez déjà les modérés dire : « Il faut être sages », et les violents répondre: « Il faut être hardi. » 1 Vous entendez déjà les uns dire : « Il faut pacifier », et les autres répondre : « Il faut épurer », c'est-à-dire persécuter. Cela nous promet une majorité divisée. Une majorité divisée aboutira fatalement àla coalition successive de chacune de ses parties avec la minorité conservatrice, qui, attaquée sans cesse, sera bien forcée, pour se défendre, de se jeter dans une op position irréductible. Alors, c'est le renouvellement de ce que nous venons de voir depuis quatre ans, c'est-à-dire le perpétuel changement des ministères et le piétinement perpétuel sur place. Quand cette Chambre aura fini ses exercices, notre Dette publique sera aug mentée de quatre milliards, comme elle l'a été par sa devancière, et c'est là tout ce qui restera d'elle. Alors le suffrage universel finira bien par se lasser. Conclusion : les conservateurs n'ont qu'à rester bien tranquilles et à attendre. Ils seraient imprudents et un peu ridicules de se précipiter vers la république, puisque c'est la république qui doit venir à eux, si elle tient à vivre. J. CORNÊL*...