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Le Gaulois, 13 août 1918

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Le Gaulois
13 août 1918


Extrait du journal

PftlSOfllïIEHS BOGIES Placides, replets, nonchalamment appuyés sur leur pelle pu sur leur pioche, les prisonniers allemands regardent passer les trains. Ici, ce sont de longs convois d'Américains ou de bleuets remontant vers le front. Tous sont remplis d'une belle ardeur. Entassés dans des wagons que l'on pourrait souhaiter plus confortablement aménagés, assis aux portières, les jambes pendantes, ils rient, ils chantent, ils crient: « On les aura,! aux voyageurs de trains qui les croisent. Toute cette jeunesse illuminée par la foi patriotique, avide de combattre et de s'illustrer, émeut jusqu'aux larmes les cœurs les plus robustes, vous laisse en passant une impression à la fois héroïque et poignante. On voudrait.les suivre, partager leurs fatigues et leurs périls, s'exposer soi-même pour les protéger; on salue leur admirable et,joyeux sacrifice, nos pensées, nos inquiétudes et nos voeux. s'envolent à leur suite, dans le sillage du convoi fumant et trépidant. Ailleurs, d'humbles territoriaux, pour qui la capote est bien lourde et dont les mains tremblent déjà, épuisent leurs pauvres forces à décharger d'énormes colis, hissés sur d'énormes voitures. Ils suent, ils soufflent, ils s'arrêtent un moment, les reins mourtris et les épaules fatiguées, pour reprendre aussitôt la pénible tâche, au commandement du sousofficier qui les surveille. Et pendant ce temps, toujours replets, de plus en plus placides, nonchalamment appuyés sur la pelle ou sur la pioche, les prisonniers allemands contemplent leurs efforts, regardent cette jeunesse qui s'en va vers la bataille, d'où ils se sont retirés, avec une stupide béatitude. Leur tâche ne doit pas être bien écrasante ni bien pressée, car c'est à cette passivité que s'écoule le, plus clair de leur journéeEn Bretagne comme dans le Midi, .sur, Jes routes dé l'ouest comme au centre, partout j'ai constaté l'agréable farniente des prisonniers allemands, cependant que nos. soldats, jeunes ou vieux, ne ménagent ni leur travail ni leur sang, et l'espèce d'ironie choquante avec laquelle ces privilégiés, chargés de Dieu sait combien de crimes contre nos malheureuses populations envahies, goûtent la douceur de l'hospitalité que leur valut leur geste de Kamaraderie n. C'est à peine s'ils sont surveillés. Et j'ai pu constater aussi le pénible sentiment qu'éprouvent tous les Français, et même les étrangers amis de la France, à voir traités avec tant de mansuétude et d'égards des ennemis qui se moquent manifestement de notre bonté et ont adopté pour règle de conduite « d'en faire le moins possible n....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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