Extrait du journal
D'ailleurs, pourquoi emploierions-nous les grands moyens, je vous le demande ? Ça va si bien ainsi Ce n'est plus la peine do faire des gestes tragiques, de dresser des échafauds, de trancher des cous, de rougir la France de sang. Une révolution violente, dans le genre de celles de nos pères, est tout ce qu'il y a de plus inutile. Nous avons maintenant la révolution endémique, et, pour qui sait observer, la terreur est en permanence chez nous depuis dix ans. La terreur politique, la terreur financière, la terreur artistique et littéraire planent sur la nation. On île guillotine plus, mais on déshonore on ne iait plus tomber les têtes dans des paniers sanglants, mais on les fait tomber dans des mares de boue. Et le résultat est souvent le même. Calculez le nombre de victimes produit par nos récentes discordes, par toutes ces <: aifaires », insigniuantes en elles-mêmes, mais qui nous deviennent si vite des prétextes à fusillades sans balles, à exécutions sans couperet, à égorgeinents de presse, à empoisonnements par le papier et vous concluerez que c'est à peu près ~omrne si l'échafaud dressait encore ses bras rouges sur les places publiques. Tous les matins, une charrette de condamnés passe devant nous et s'ils ne sont pas décapités en grande pompe, quelques-uns n'en valent guère mieux. Il y a une guillotine morale aussi terrible que Ï.'autre, et que certains journaux montent chaque ~luit, en un tour de main. Ceux qui passent sous Celles-là, sont,comme jadis,les riches,les grands, Jes aristocrates quels qu'ils soient, nobles par la 'naissance ou nobles par leurs œuvres. Il suffit à présent qu'un homme s'élève au-dessus de la foule pour que sa tête devienne le point de mire e de quelques douzaines de petits guillotineurs à tant la ligne. Tous les capitalistes qui gagnent trop vite des millions, tous les hommes d'Etat dont la supériorité se manifeste trop brillamment sur le bétail politique, tous les écrivains qui ont ttrop longtemps du succès, voient se dresser devant eux ce couperet moderne, dont le déclic est aux mains de la presse, et qui devient quelquefois aussi meurtrier que celui de Deibler. Qu'on s'amuse à compter sur ses doigts les hommes qui sont vraiment grands en France par la fortune, parla gloire ou par le génie,et l'on verra combien U en reste qui ne soient pas hués, persécutés, tournés en ridicule, menacés dans leur réputa-tion, dans leur honneur, dans leurs intérêts, autant vaut dire dans leur existence....
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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