Extrait du journal
M. Quentin a pris possession de l'Assistance publique, et M. John Lemoinne s'est débarrassé de la légation de Bruxelles, qui, à ce qu'il paraît, lui causait une gêne extraordinaire. Le conseil municipal de Paris s'était indigné qu'un révolutionnaire tel que M. Quentin se permît d'accepter une fonction relevant de la Ville, quand lui, conseil municipal, révolutionnaire aussi, avait souhaité un autre choix. On avait donc plus ou moins directement signifié, à M. Quentin que, s'il ne refusait pas les faveurs de M. Gambetta, il allait voir ce qu'il allait voir. Bruxelles, d'un autre côté, avait accueilli avec assez de froideur la nouvelle de la nomination de M. John Lemoinne. Bruxelles était humilié qu'on eût remplacé M. Duchâtel, qui dépense six cent mille francs chaque année en fêtes, dîners et représentation, par un homme qui n'a à dépenser que de riches talents, et dont le seul titre à de hautes fonctions diplomatiques est d'avoir suivi avec une attention quotidienne l'histoire de l'Europe depuis quarante ans, et d'avoir plus d'une fois contribué à la faire. On a averti sous main M. John Lemoinne que la Belgique était sans enthousiasme pour lui. A la suitede ces injonctions et de ces avis, il est arrivé une fois de plus ce que nous voyons de nos jours qui arrive sans cesse. M. Quentin, révolutionnaire d'opinion, sans pédantisme d'homme grave dans son abord, bon garçon, familier, abandonné, tout à tous, habitué de brasserie et enfant du café de Madrid, a eu du caractère; il a pris la fonction, et il l'exercera, qui qu'en grogne. M. John Lemoinne, relativement conservateur, gentleman gourmé et de port assez raide, habitué de salon et d'Académie, a eu ses nerfs il a abandonné la fonction. L'un s'est soucié de la mauvaise humeur du terrible conseil municipal de Paris comme d'une noisette. L'autre a reculé devant les petites moues de l'Athènes du Brabant. Nous crions « Bravo, Quentin »...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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