Extrait du journal

Paria a salué de ses justes acclamations le départ d'une compagnie de fantassins désignée pour faire partie du corps expéditionnaire de Madagascar. Le spectacle a été touchant de simplicité, de sincérité populaire. Devant ces braves petits pioupious au képi rouge, a la capote bleue, déSlant de leur allure rythmique, avec une sorte d'insouciance joyeuse des dangers futurs, on se sentait ému au meilleur coin du cœur. Combien, parmi ces jeunes hommes prêts à s'embarquer, ne reverront pas leurlieunataHIlslesaventetiIsn'enontnul trouble. C'est l'admirable vertu de l'esprit militaire de mettre l'accomplissement du devoir au-dessus de tout, plus haut même que l'espérance et que l'ambition. Quelle peut-être, d'ailleurs, au temps où nous sommes, l'ambition d'un soldat, issu des rangs des ouvriers ou des paysans, dépourvu d'instruction spéciale, mille fois plus écrasé par les fatalités résultant de notre état scientinque que ne le furent jamais ses aïeux par les préjugés de caste ? `? Si la naissance ne confère plus de privilèges, le savoir en confère qui ne sont pas plus que les autres àla portéede tous. On disait autrefois qu'au fond de la giberne du conscrit se cachait un bâton de maréchal de France. A l'heure qu'il est, ce dicton ne saurait plus être énoncé sérieusement. Il faut, pour avancer, avoir passé par les écoles, avoir pris dès l'enfance le pli de la culture intellectuelle. Toutes les conditions sont changées. On n'arrive plus par la grâce de son nom c'est la personnelle valeur qui est en cause; mais l'accès des hauts grades n'en'est pas plus aisé. L'humble pioupiou suit son éternelle destinée de sacrince. Aucune révolution ne modulera son sort. Seulement, la discipline acceptée par le pays fait ce miracle d'élever chaque homme en face'de'tous dans la dignité de, son abnégation volontaire. Et nous aimons le soldat parce qu'il est naturellement la plus belle incarnation de l'honneur .national....