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Le Gaulois, 16 décembre 1918

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Le Gaulois
16 décembre 1918


Extrait du journal

Ainsi,- voilà une armée puissante, nombreuse, merveilleusement outillée, qui abandonne précipitamment non seulement le territoire qu'elle occupait en pays ennemi, mais une large bande du sien propre, où nous nous établissons sur ses pas. Elle nous livre l'Al-' .sace-Lorraine, naguère encore palladium de l'empire allemand et lien réputé indissoluble de l'unité germanique. Elle laisse prendre ses canons, ses munitions, ses forts, un matériel formidable, des villes qui pouvaient présenter une résistance prolongée et qu'elle n'a même pas essayé de défendre. Elle-est à ce. point annihilée par la menace qui l'étranglait d'un désastre sans précédent dans les fastes militaires, qu'elle ne peut épangner à ses compatriotes une humiliation comme aucune nation n'a connu la pareille la reddition d'une flotte qui na point combattu. Elle rentre dans ses .foyers à moitié désarmée, l'oreille basse, n'emportant avec elle 'que la douleur de son insuffisance et l'opprobre des forfaits dont elle s'est souill6e. Elle se cristallise dans son déshonneur. Elle se replie vers ses tanières, honteuse comme le renard à qui on a coupé la queue. Et le herr Scheuch lui tresse des couronnes Je n'en vois qu'une qui puisse convenir à cette horde malfaisante mais elle est faite avec de la boue et du sang. A la guerre, le vaincu n'est pas toujours celui qui a perdu une bataille. C'est celui qui, désarmé le premier, est obligé de subir la loi de son adversaire. Et oui donc a jamais subi cette loi avec plus'de passivité, plus de platitude, plus de soumission avilissante que le peuple allemand d'aujourd'hui ? Il ergote, il se lamente, il implore une pitié que lui-même ne connaît pas. Il cherche' à se -tirer- au meilleur1' compte possible de la situation critique où l'a conduit une dynastie de détrousseurs de grand chemin, à laquelle il s'était donné corps et âme tant qu'il espérait aller avec elle à la .curée, et qu'il désavoue maintenant avec la plus noire ,ingrati tude. Mais il accepte la défaite sans même en mesurer toute la profondeur. Il n'est occupé qu'à une chose en tempérer autant que possible les conséquences. Il a vraiment une âme de vaincu, que les fanfaronnades du général Scheuch .ne galvaniseront pas. C'est qu'il est tombé de trop haut. Il 3e crayait invincible, parce qu'on lui répétait sur tous les tons qu'il l'était. /Il 'prêtait une oreille complaisante a ceux qui lui représentaient les Français comme une nation dégénérée, corrompue, incapable de vigueur ou de ressauts. Ses docteurs, bouffis d'importance, à la'barbe rutilante et aux lunettes dorées, dessinaient'de nous de monstrueuses caricatures où nous étions représentés comme des singes grimaçants et peut-être aussi qu'avec notre manie de nous fustiger nous-mêmes, nous fournissions quelques-uns des traits dont on nous perçait. Mais voyez jusqu'où allait le machiavélisme de ces êtres sans pudeur et sans honnêteté ils faisaient circuler dans le monde des ouvrages immondes, dont le style pesant trahissais l'origine, qu'ils fabriaient à la grosse et que leurs courtiers-espions colportaient dans les pays neutres comme un monument de notre dépravation 1...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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