Extrait du journal

Une telle comédie, et si riche et si mouvementée, se prête extrêmement au procédé, aux méthodes nouvelles de M. Gémier. On sait qu'il a inventé de supprimer la rampe et de faire entrer, pour ainsi dire, le public dans l'action à l'aide d'un escalier de plusieurs marches qui réunit la scène et la salle. Cet escalier permet aussi il certains acteurs d'arriver par la salle ou à certainnos foules de figurants d'envahir la scène par tous ses côtés à la fois. Il autorise aussi des groupements harmonieux, des effets de bas-reliefs ou de fresques italiennes, il communique au public une vibration spéc.iale, une curiosité, un plaisir de se mêler jusqu'au drame, qui transforment le théâtre et lui ôtont ce qu'il avait de nos jours de guindé et de lointain. Mais cette nouvelle entente de l'art théâtral demande une délicatesse plus grande encore les acteurs s'abandonnent trop facilement à un délire qui devient parfois désagréable au spectateur à la reprise, du Marchand de Venise, l'excès des cris était tel que, crispé, malgré soi, on arrivait à ne plus apprécier la piècé, ni l'admirable jeu de Gémier, admirable en Shylock....