Extrait du journal

M. Herpe, secrétaire général de la Fédération socialiste du Var et professeur à l'Ecole normale de Dragjignan, vient de recevoir son changement d'affectation. M. Herpe est nommé à Bordeaux. Ce déplacement, qui à première vue paraît un avancement, n'est qu'un signe de 'défaveur, en ce qu'il conttarie les desseins politiques de ce professeur. Les partis de l'opposition, donnant à la nomination de M. Herpe son véritable sens, qui est celui d'un blâme, sa sont émus, et en font à cette heure une « affaire Ils prétendent que nul membre de l'enseignement ne doit être inquiété pour ses opinions, fussentelles socialistes, et ils assimilent étroitement le cas de ce professeur, déplacé pour avoir pris position dans un parti !révolutionnaire, il. celui de l'institutrice brimée parce qu'elle va à la messe. Il me semble qu'il y a là confusion. La différence est flagrante entre l'institutrice faisant profession de catholicisme et l'instituteur communiste affilié à un parti militant. Car la discussion sur la liberté d'opinion de l'enseignant ne peut se poser dans l'abstrait. Il ne s'agit pas de déclarer que l'instituteur est avant tout un être humain ayant droit au développement libre de sa personnalité. Cet ètre humain est dans la, société le substitut de la famille, et l'Etat l'appointe comme tel. Il ne disitribue pas, à ce titre, une marchandise 'étrangère et indifférente, mais une influence personnelle qui est obligée de prendre son visage et la couleur de son esprit. L'instituteur doit donc subir des contraintes morales que ne connaîtra pas un horloger ou- un pharmacien et ,qui doivent approprier in facto sa personnalité à ce que l'Etat et la famille attendent de lui....