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Le Gaulois, 18 avril 1884

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Le Gaulois
18 avril 1884


Extrait du journal

Je l'ai connu, disait-il, en parlant du vieux qui grimaçait à la porte, tout à l'heure, et qui, maintenant jouait un- rôle de polichinelle ; il était acteur, en Italie, dans un théâtre de funambules où il jouait déjà les rôles de Polichinelle. C'était une prédestination en naissant :il avait uife bosse dans le dos et une par-devant. Sa physionomie était si grotesque, son corps était si tordu, chacun de ses mouvements, de ses moindres gestes était si comique, sans etude, que le public jubilait lorsqu'il entrait en scène et que toute la salle écla tait de rire. En revanche, son esprit et son cœur n'avaient pas d'imperfections ; il sen ait profondément; son esprit avait une élasticité merveilleuse ; s'il avait eu un corps bien conformé, il aérait certainement devenu le premier tragédien de son siècle. Tout ce qui était grand et héroïque faisait vibrer son âme. Cependant, il lui fallut devenir Polichi nelle. Sa mélancolie même rendait plus co miques les traits fortement accusés de son bizarre visage ; c'était surtout quand il se laissait aller à la tristesse que le public, qui l'idolâtrait, partait d'un fou rire et l'ap plaudissait à tout rompre. , L'actrice qui jouait Colombine était son amie ; sincèrement, elle lui voulait du bien, mais c'était le bel Arlequin qu'elle aimait. Cependant, quand Polichinelle était enfoncé dans ses idées noires, c'est elle seule qui savait l'en tirer et le faire peu à peu sourire. Je sais bien 'ce qui vous manque, lui disait-elle avec une gravité comique ; c'est l'amour. Colombine disait vrai et, de plus, ce tait elle qu'il aimait éperdument, plus que son art. Le jour du mariage de Colombine avec Arlequin, Polichinelle se montra le plus gai compagnon ; puis, rentré dans sa man sarde, il pleura toute la nuit. Si le public avait alors aperçu les affreuses grimaces de son visage, la salle se serait écroulée sous les applaudissements. Quelque temps après, Colombine mou rut; le jour de l'enterrement, Arlequin fut dispensé de paraître sur la scène ; on lui laissait un jour pour pleurer à son aise...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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