Extrait du journal

Grâce à l'obligeance de Mme Georges Leygues, dont l'accueil et les explications me furent si affables, j'ai pu pénétrer, hier, dans la pièce où l'on imagine la présence de la Reine sous le prestige silencieux du souvenir. Les murs ont gardé leurs motifs d'or fin sur les hauts panneaux laqués blanc; un superbe cheminée de marbre vert, rehaussée d'applications de bronze ciselé, supporte une garniture du temps: la pendule avec ses flambeaux, et un bureau mignon, en bois de violette, occupe te centre de la chambre. Sur une commode de bois de rosé coiffée de son marbre veiné, une superbe copie de Sèvres représentant MarieAntoinette, de Pajou, dresse son buste majestueux. Les meubles, les tentures, les peintures de fleurs en gerbes, prudemment restaurées, appartiennent à l'époque même où Marie-Antoinette est présumé avoir passé là, et, au fond de l'alcôve, au-dessus du lit d'un gris très clair recouvert de soie brochée, une magnifique tapisserie des Gobelins, datant du début de la Restauration, offre la réplique du chef -d 'oeuvre de Mme Vigée-Lebrun Marie-Antoinette et -es enfants. Et l'effet est émouvant, presque dominateur, de la somptuosité du chapeau à aigrettes, de l'ample robe à plis rouges et du visage inoubliable....