Extrait du journal
tuçe est en train de se compromettre au i-egard des faiseurs d'adages et des sa ges. L'année 1927 ressemble à une femme de trente ans, qui aurait cin quante ans tout à coup sans en avoir eu quarante. Elle serait ainsi déplacée brus quement-, soit pour s'être endormie, à la manière d'Epiménide, en s'absti*ayant de l'existence, soit u-lutôt parce qu'elle aura voulu s'arrêter, et qu'elle . s'est cramponnée en arrière, à coups de fards et de cosmétiques, et de tout çp que compose une faiseuse de beauté en ma cérant au clair de lune de l'herbe dans du lait. Non seulement cette femme-là ne jouit pas de la valeur luxueuse de ses quarante ans épanouis, mais elle ne sait comment aborder les cinquante et, quand de force elle s'y trouve, ne sait comment 'en user ni comment en sortir. Beaucoup de femmes aujourd'hui font ainsi chavirer leurs saisons, et sans doute en était-il de même Sous l'empereur Auguste. Mais pourquoi n'en pas mieux respecter l'ordre ? Après celle des cerises, après celle des pêches, voici là saison des raisins dorés. Puis vient le temps des oranges, où se calme la soif, et celui des citrons aussi, des citrons acides, qui ont, au dire d'Am broise Paré, la couleur des cholériques. Il faut à ce moment-là choisir, et sa voir si l'on veut jouer les citrons ou les oranges. Ne mangez pas le fruit avant qu'il n'ait son goût non plus qu'après qu'il l'a perdu. Car la sagesse est pour nous de cueillir ce qu'il est de bonheur dans une heure, sans courir après la suivante pour que l'une et l'autre nous échap pent : consultez là-dessus Bergson et Spinoza. On doit se défier des promesses ! que l'on réclame de l'avenir, pour, après avoir tout attendu, ne trouver au fond de soi qu'un beau rêve brisé. Aux heu res de défaillance, lorsque le jour finit et que l'on cherche le soleil, se propose le passé. Jouissons d'hier en tant qu'il fut hier, et pour nous il suscitera par le : souvenir toutes les joies qui furent. Mais, si nous avons l'inconséquence d'en vouloir faire un aujourd'hui, il n'est plus qu'amertume et désertion. Et, jusqu'aux suprêmes jours de décembre, sachons rester attachés au présent, qui se plaît à dissimuler ses trésors- Vivons avec lui : il faut sourire à des fleurs, sourire à des yeux, sourire à des mots où S'enferment des pensées, même quand le soleil n'est nas là. C'est vrai ment une sottise à la Gribouille de pleurer quand il pleut. Etienne Bricon...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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