Extrait du journal

Ce qui confond notre raison plus encore que l'audace et l'exaltation meurtrière de la secte d'assassins contré laquelle l'empereur Alexandre II en est réduit a se défendre, c'est l'impuissance des ministres et de la police russe à prévenir des attentats tels que celui de mardi. Comment donc est fait le palais d'Hiver; comment s'y exerce la surveillance, pour qu'on puisse y entrer, y établir une imne toute préparée pour qu'elle éclate, et sortir ensuite par la même porte comme si de rien n'était ? Tout cela, pour nous autres gens d'Occident, est fabuleux et incompréhensible. Pétersbourg, depuis la mort de Pierre le Grand jusqu'à nos jours, a vu bien des complots romanesques. Plus d'un Romanoti a péri sous les coups des soldats qui montaient la garde la porte de sa chambre a coucher. Mais, ici, ce ne sont pas évidemment les gardes finlandais qui ont arrangé la mine dont l'explosion les a fait sauter. Il y a "évidemment un vice dans l'organisation des services publics en Russie, dans !e recrutement et la direction des différentes hiérarchies de fonctionnaires. Lequel ? Ou la Russie ne peut plus passer pour un Etat organisé, au sens moderne du mot, ou il faut que de pareils attentats deviennent radicalement impossibles. Nous n'avons d'ailleurs qu'à répéter ce que nous avons déjà dit lors de l'attentat de Moscou, et à oifrir nos respectueuses félicitations au souverain qui vient d'échapper encore une fois aux coups de ses ennemis implacables....