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Le Gaulois, 19 février 1889

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Le Gaulois
19 février 1889


Extrait du journal

Le plus triste endroit de Paris, ce n'est pas le cimetière, ce n'est point la Morgue ni l'hôpital, la place de la Roquette ou l'amphithéâtre de dissection, aucun des lieux où se joue l'éternel drame humain, navrant souvent, mais plein toujours d'une shakespearienne grandeur. 'Non, le coin qui, pour moi, renferme le plus de morne tristesse, d'où il se dégage un mélancolie grise et pénétrante comme la poussière qui y voile de son linceul sale le reflet des miroirs et l'éclat des cui ses, le coin qui me semble être la « fin de tout » plus encore que le charnier où pourrissent nos pauvres os, plus en core que l'hôpital où ils commencent à se disjoindre! c'est l'hôtel des Ventes, c'est cette bâtisse malpropre, banale et puante dont je n'ai jamais franchi le seuil sans un douloureux frisson. Il n'y a que là que l'on peut comprendre cette expression parisienne si pittoresque et si cruellement descriptive : « être à la côte », ce terme de nageur las dont le flot a raison et qui, impuissant à défendre sa barque laquelle s'est émiettée sous le mordillement des vagues comme sous la dent d'innombrables rats ne lutte plus que pour sa peau d'un geste déses péré et quasi machinal. Les naufrageurs sont là, assis en rang d'oignons sur la rive, guignant les débris. Beaucoup ont aidé au désastre, ont fait de la terre les faux signaux qui devaient me ner le yacht au récif fournisseurs im payés qui rattraperont quatre fois leur créance dans la cueillette à l'épave ! Des ravageurs aussi viendront après, touillant la vase de leur croc, glanant les bribes, les bouts de fer rouillés, les échardes de bois, les lambeaux de voile arrachés par les rafales de l'adversité tous les détritus de l'ouragan 1 C'est sale et c'est triste, oh l triste sur tout, triste jusqu'au suicide !... A...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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