Extrait du journal
̃ II existe, 'depuis Sainte-Beuve, un culte littéraire en l'honneur de Madame de Sévigné. Les fidèles de ce culte se nomment les Sévignistes, :et je crois bien qu'à cette heure notre éminent collaborateur M. Emile Faguet est leur grandprêtre. Nous aurons, prochainement, deux manifestations du Sévignisrne une brillante fête à Paris, et de belles vêpres à l'abbaye de y, ou 'la charmeuse a laissé son souvenir et ou Mme la duchesse d'Uzès a dessein de l'honorer par un monument. En deux mots, voici pourquoi ces solennités projetées, qui seront cordiales et familières, nous plaisent. Nous aimons la haute et gracieuse personne d'avoir possédé le plus précieux don d'écrire et de n'avoir semblé en vouloir faire q u'un joli jeu délicat, féminin, coquet et rare. Et nous l'aimons aussi parce qu'elle est un esprit d'une qualité qui n'appartient qu'à la France et reste sans analogue ailleurs. J'imagine que notre Hôtel de Ville n'est pas sans posséder une statue de Marie de RabutinChantal. Elle a droit d'y figurer en marbre ou en bronze, étant Parisienne de naissance, venue au monde au bord de la Seine en 1 an de grâce 1626. Son père était Bourguignon, de cette race des Rabutin, chaudement batailleuse, alerte, la langue salée. La petite n'avait pas six mois que le brave homme mourait a 1 île de ne, en bon soldat, frappé d'une balle anglaise. On éleva l'enfant.à la mode du temps. A douze ans, elle lisait dans l'original Virgile, Cervantes et Pétrarque. Sans grande beauté, elle avait de la séduction elle faisait sa révérence en quatre mouvementset l'on vantait son sourire. Comme elle touchait à sa dix-huitième année, le marquis de Sévigné se trouva juste à point pour lui donner son nom. Ce Sévigné était bon gentilhomme de souche bretonne, militaire d'occasion, de belle tournure et passablement galant. On lui connaît des aventures assez flatteuses. Aime-t-il sa femme ? Il l'estime. Aime-t-elle son mari ? 'Elle fait de son mieux pour y réussir et n'y réussit guère. La légende rapporte qu'il lui dit un jour Il Vous seriez vraiment agréable pour un autre. ".Bien des Parisiennes, à sa place, eussent tiré parti du mot. Elle se contenta de regarder son fils et sa fille et ne chercha pas ses «objets plus loin. Au bout de sept ans, la marouise était veuve. On enterra M. de Sévigné dans un caveau de la Visitation, rue SaintAntoine, par spéciale tolérance, car il était mort d'un coup d'épée reçu en duel. Soudain, elle pensa La vie du monde ne vaut pas qu'on se remarie. » Et elle vécut à sa guise, dignement et noblement....
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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