Extrait du journal

Feuilletez les collections des journaux de l'époque. Sinon comme documents historiques, au moins comme documents psychologiques, ils valent- mieux que tout. Les mémorialistes les plus sincères ont toujours le défaut de ne rédiger leurs récits qu'après coup. Sans suspecter .leur véracité, on a le droit de se demander si, dans leur vision des choses, le « subconscient » ri'a pas subi les effets des visions ultérieures. Pour les journalistes rien de semblable. Ils écrivent, au joûr'le jour, ce qu'ils ont senti et ce qu'on a senti autour d'eux. C'est de la photographie instantanée. Si mal faite qu'on la suppose, elle est significative. Or, au début de juillet 1870 comme au milieu du inême mois en 1914 tout est au calme. Ceux qui suivent de près le déroulement de la politique étrangère peuvent. en comme en 1914 éprouver à part soi ces inquiétudes' générales qui résultent d'une situation à laquelle" ils ne voient pas d'issue, et qu'ils gavent presque fatalement grosse d'une solution catastrophique mais rien n'indique que la catastrophe soit particulièrement proche....