Extrait du journal

Le Parisien se fait aux environs, pendant les deux mois caniculaires, une villégiature de poche, de laquelle il s'accommode à miracle. La Seine est son Océan, et le bois de Meudon sa forêt vierge il passe ainsi trois, quatre, cinq jours de suite à sa campagne, vêtu d'une veste de toile et le chef couvert d'un immense chapeau de paille; c'est ce travestissement inusité qui le fait s'écrier, en s'essuyant le front avec un large rire A la bonne heure II n'y a encore que la campagne pour être à son aise t Mais il lui faut, de temps en temps, respirer l'air du boulevard; il y vient, presque furtivement, chercher sa provision des iumées de l'asphalte et des lourdes vapeurs du gaz et emporte précieusement, comme un cher trésor, l'air de sa ville chérie, dans la vallée de la Seine. Néanmoins, à l'heure actuelle, il y a encore beaucoup de monde à Paris. Le Bois, le matin, est encombré de cavaliers et d'amazones. A l'apéritif d'Armenonville, buggys et victorias se croisent dans un va-et-vient perpétuel, de onze heures à midi et demi. De temps en temps, une monture un peu cabocharde bouscule une table en sortant, aux grands cris d'elfroi des jolies personnes en toilettes claires qui émaillent la pelouse....